Atmane Mazouz, secrétaire national à la communication au RCD, livre aux lecteurs d’Algérie Focus, son analyse quant à l’organisation par l’ex-émir de l’organisation terroriste AIS, Madani Mezrag, de son université d’été dans les maquis de Mostaganem. Il souligne les complicités dont il bénéficie au plus sommet de l’Etat. Atmane Mazouz souligne que ceci obéit à un agenda précis où l’instrumentalisation de l’islamisme est un élément fondamental. Entretien.
Algérie Focus: Comment avez-vous réagi à la tenue de l’université d’été de Madani Mezrag dans la wilaya de Mostaganem ?
Atmane Mazouz: Ce n’est pas nouveau. Le fait déjà de laisser Madani Mezrag intervenir sur plusieurs chaines de télévisions est une atteinte à la démocratie. Mais, il y a déjà un précédent: Ahmed Ouyahia, le directeur de cabinet à la Présidence de la République l’avait reçu et ceci est vraiment quelque chose de très grave qui dénote de la démission de l’Etat et de la faillite de toute la gouvernance.
Comment réagissez-vous au fait que Mezrag défie l’Etat en organisant une université d’été non autorisée à Mostaganem ?
Le pouvoir actuel nous a habitués à instrumentaliser la question islamiste et on y est toujours. En fait, c’est pour faire peur aux Algériens, pour dire que le péril islamiste est toujours là. Et si cette université d’été a été tenue à ce moment précis à Mostaganem, ce n’est pas non plus anodin : ça doit certainement obéir à un agenda bien précis de ceux qui se sont accaparé le pouvoir de manière illégitime.
N’est-ce pas une provocation que Mezrag organise son université d’été dans la montagne ?
Ce n’est pas seulement une provocation pour nous, mais cela dénote aussi d’une chose : le deal qui a été négocié avec l’AIS ne tient plus la route. Cela renvoie justement à la décennie noire et au terrorisme. Et le fait que Madani Mezrag ait tenu sa réunion en plein maquis, cela veut dire qu’on est là et qu’on peut réinvestir le terrain de manière à terroriser les Algériens.
Et comment se fait-il qu’il ait dit que « personne ne nous empêchera de faire de la politique » et qu’aucun officiel n’a réagi à cela ?
On a parlé d’instrumentalisation de la question islamiste. Et c’est cela qui renforce notre conviction que ces éléments-là sont souvent instrumentalisés contre les démocrates et contre la population.
Entretien réalisé par Omar Soltani