Par Nassim Mohammed Brahimi
En voilà un sujet qui fait vendre, lire ou écrire, c’est selon. Est-on pour ou contre le troisième mandat?
Les réponses de l’Algérien de la rue sont si mitigées et contrastées qu’on a du mal à se faire une opinion de son opinion. A vrai dire, toutes les thèses et points de vue avancés sont plausibles, logiques et légitimes, la finalité étant connue d’avance sur le sujet. D’abord, en Algérie, il y a les mini-opposants occasionnels, ou de fait, qui n’arrivent pas à vous expliquer à quoi servirait une opposition sur une scène politique sans couleurs et aveuglement consensuelle, comme une cour royale moyenâgeuse ou un conseil tribal préhistorique.
Ceux-là sont contre le troisième mandat, juste pour le plaisir de l’être, regardent un peu trop les films d’Hollywood, croient toujours que Staline était un philanthrope et sont si fiers de leur voiture financée par Cetelem.
Ensuite, il y a ceux qui sont pour le troisième mandat et font tout pour le faire savoir. En général, ils se divisent en deux sous-catégories : Ceux qui y croient et ceux qui y profitent. Pour ces derniers, la quête est justifiée, même s’ils ignorent qui a fait quoi quand et comment. Tant que le gain y est, le reste n’est que décor. Remarquons, au passage, que ceux qui y profitent ont des capacités d’apprentissage biographique et mathématique exceptionnelles. Dans quelques semaines, ils seront capables de vous raconter des anecdotes burlesques sur leur candidat à la candidature, chiffres à l’appui sur les acquis des deux précédents mandats, avec une précision au dinar près. Pour ceux qui y croient, ne nous pouvons que compatir avec eux dans cette dure épreuve qu’ils traversent. Enfin, il y a ceux qui s’en foutent royalement (excuser le terme) et qui sont tout le temps en mode copier-coller. Ces Algériens-là peuvent vous décrypter la dépression de Britney Spears mais pas le licenciement de Hamraoui Habib Chawki (loin de vouloir le défendre). Ils n’aiment pas trop «el boulitique» et préfèrent mater Xzibit relooker de vielles voitures, à défaut de pouvoir repenser leur pays.
Pour se retrouver dans ce tohu-bohu algérien, il ne faut surtout pas de prise de position, c’est déconseillé dans un pays qui a quitté l’espace-temps. Voici quatre mesures préventives, à suivre pour les prochaines échéances:
1- Ne jamais jouer à l’opposant, c’est ridicule ;
2- Il faut être ou ne pas être d’accord, mais ne jamais y croire, c’est débile ;
3- Quoi qu’il en soi, il faut traiter la question avec légèreté ;
4- Dans toutes les circonstances, éviter d’être de ceux qui en profitent, c’est honteux.
Sérieusement, croit-on vraiment que la démocratie en Algérie est menacée juste parce que la Constitution a été amendée?! Ou parce que le président sortant réclame (rait) des prolongations?! La démocratie se limite-t-elle aux nombres de mandats présidentiels? Si Bouteflika décidait de ne pas se re représenter, deviendrons-nous pour autant un pays démocratique? Que nenni. Jouer au parano de service ne rime à rien. Dans ce pays, il n’y a que des façades. Il faut juste en être conscient, accepter la dure réalité et jouer le jeu en attendant… Pour dormir tranquilles, posons-nous la question suivante: Qu’aurions-nous fait si nous étions à la place de Bouteflika? Ceux qui veulent diagnostiquer l’état de la démocratie en Algérie partent du mauvais pied. Il n’est pas question de personne, d’amendement ou de présidence à vie. La démocratie, en Algérie, est malade, parce qu’on a assisté, depuis plusieurs mois, à une démission collective de toute la classe politique, si toutefois elle existe.
En Algérie, il n’existe que du pétrole, des chiffres trompeurs et une logique rentière à tous les niveaux.
En Algérie, les institutions se sont auto-phagocytées.
En Algérie, peuple et Etat se sont répudiés. Et plus personne n’a de légitimité pour jouer au démocrate «obamaniaque».
En Algérie, on parle trop pour ne rien dire. Même quand on réussit à polémiquer au sein du plus basique des comités de quartier!
Et si on commençait par sortir nos poubelles avant le passage des camions de collecte…
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