Un Salafiste peut-il devenir président en Algérie ?

Redaction

Les salafistes algériens cherchent à se lancer dans la campagne pour l’élection présidentielle de 2014. Selon plusieurs sources concordantes, le Front de la sahwa islamique, un parti qui se réclame du courant salafiste, envisage de présenter un candidat à cette échéance électorale capitale pour l’avenir du pays. 

Et même si ce parti n’est pas encore agréé par le ministère de l’Intérieur, les salafistes semblent décidés à jouer un rôle important dans cette bataille politique qui  ébranlera le pays jusqu’au scrutin d’avril 2014.  D’ores et déjà, le 23 août dernier Abdelfettah Hamadache, le chef de ce parti salafiste, a fait savoir qu’il envisage sérieusement de se porter candidat à l’élection présidentielle algérienne. En effet, dans un entretien accordé à Al-AJazzera.net, le site internet de la célèbre chaîne qatarie d’information, le leader des salafistes algériens n’a pas caché ses ambitions présidentielles. Il a même dévoilé quelques axes de son programme.

Pour convaincre les algériens de lui accorder leur confiance, Hamadache a promis d’instituer une « police islamique » qui veillera sur la conformité des comportements algériens par rapport aux préceptes de l’Islam. Cette sortie médiatique a étonné de nombreux algériens au regard de son caractère extravagant.  Ceci dit, faut-il ne pas prendre cette annonce au sérieux ? Pas si sûr car l’électorat salafiste ne cesse de prendre du volume en Algérie. Les partis islamistes classiques comptent également parmi leurs rangs de nombreux militants salafistes. En plus, l’influence grandissante du salafisme sur la société algérienne est visible au quotidien.  Tous ces éléments nous amènent à prendre en considération le positionnement politique du courant salafiste.

Mais pour l’heure, rien n’indique que les autorités algériennes accepteront une candidature salafiste à l’élection présidentielle. Si pour l’heure, le parti salafiste n’est toujours pas agréé, Abdelfettah Hamadache pourrait tout de même se présenter comme un candidat indépendant. Mais pour ce faire, il lui faut présenter au conseil constitutionnel 600 parrainages d’élus ou, à défaut, les parrainages de 60 000 citoyens dans au moins 25 wilayas différentes avec un minimum de 1500 signatures par wilaya.  La tâche n’est pas donc pas aussi facile que l’imagine Abdelfettah Hamadache. D’autre part, dans le milieu islamiste, de nombreuses voix se sont élevées pour s’opposer à la candidature d’un leader salafiste à l’élection présidentielle. A ce sujet, l’ancien chef du FIS, Ahmed Merani, a fait savoir dans un entretien au quotidien algérien Mon Journal que « le seul conseil que je peux prodiguer aux salafistes est de s’occuper de la prédication et de la réforme de la société, car c’est plus important et plus bénéfique pour eux et pour la société ». Selon cet ancien dirigeant du FIS, la mouvance islamiste doit « s’affairer à la seule prédication dans le but de guider les gens dans le droit chemin et réformer la société ». C’est dire enfin qu’une candidature salafiste à la présidentielle de 2014 ne fait vraiment pas l’unanimité au sein de la classe politique islamiste algérienne…