Dans son article 11, la Constitution algérienne stipule que « l’Etat puise sa légitimité et sa raison d’être de la volonté populaire. » Dans l’affaire de l’exploration et de l’exploitation du gaz de schiste, cette disposition de la Loi fondamentale du pays a été foulée du pied par le régime et sans ménagement.
Depuis deux mois, en effet, la population d’In Salah manifeste pacifiquement et de manière hautement civilisée son opposition au projet, ne rencontrant, en retour, que le mépris et les manœuvres sournoises des autorités.
Ces dernières 48 heures, les choses prennent même une tournure dramatique. Face au pourrissement planifié et entretenu, la population sort de ses gongs et radicalise son mouvement. Des affrontements d’une rare violence l’ont opposée aux forces de l’ordre, dépêchées sur place depuis quelques jours déjà. On dénombre plusieurs dizaines de blessés. Et fait gravissime : Les manifestants ont, selon des sources sur place, essuyé des tirs à balles réelles.
L’interrogation qui taraude les esprits, suite à ces développements, est celle que se posait, au lendemain de l’indépendance déjà, feu Mohamed Boudiaf : Où va l’Algérie ? Où veut nous conduire ce régime ? Cette interrogation est d’autant plus légitime que notre pays évolue dans un contexte géopolitique porteur de graves menaces et fait face à une situation interne marquée par des mouvements de protestation incessants.
Ainsi, la situation d’instabilité qui prévaut à nos frontières du Sud, marquée par la montée en puissance de groupes terroristes surarmés et la cristallisation de mouvements séparatistes déterminés, constituent autant de prétextes à une intervention des puissances impérialistes. Celles-ci, sans véritables contrepoids depuis la chute du bloc de l’Est, affichent de plus en plus ostensiblement leur velléités de recomposer la carte de notre continent et du Moyen-Orient, afin de faire main-basse sur leurs richesses.
Au plan interne, la crise multidimensionnelle que vit le pays, caractérisée notamment par une précarité sociale grandissante appelée, d’ailleurs, à s’amplifier à la lumière de l’effondrement des cours des hydrocarbures, en plus de faire planer le spectre d’une explosion aux conséquences dévastatrices, empêche le front intérieur de s’affirmer.
La conjugaison de ces facteurs exogènes et hétérogènes est susceptible de conduire à l’amputation de l’intégrité territoriale de notre pays et à l’effritement de l’unité de l’armée, si elle était forcée de s’impliquer dans des tâches qu’elle réprouve. En l’absence d’un capitaine capable de tenir la barre du navire Algérie et l’émergence d’entités mafieuses, inféodées à des puissances étrangères, à tous les échelons de l’Etat, tous les scenarii sont envisageables. Aujourd’hui plus que jamais, les forces patriotiques saines sont vivement interpellées afin de présenter, sans plus attendre, une alternative crédible à un régime condamné et qui, dans sa lente agonie, entraîne la Nation toute entière vers le chaos.
Rachid Ikhenoussène