Les manifestations citoyennes anti-gaz de schiste bouclent leur deuxième semaine à In-Salah. Adoptant la politique de l’usure comme une arme contre les protestataires, le gouvernement refuse toujours d’accéder à leur revendication qui consiste en » l’annulation pure et simple de l’exploitation de ce gaz non conventionnel dans tout le pays ».
Le pouvoir et ses relais multiplient ces derniers jours les sorties médiatiques ou sur le terrain, à In-Salah notamment, dans une tentative désespérée de convaincre les opposants au gaz de schiste de l’inexistence de risques ni sur l’environnement ni sur la santé des populations et des animaux et encore moins sur la nappe phréatique.
Le refus du gouvernement de renoncer à l’exploitation du gaz de schiste semble toutefois galvaniser les manifestants qui interprètent cette position comme « une preuve de plus du mépris qu’affiche le pouvoir à l’égard des citoyens, non seulement ceux du sud mais en Algérie entière ». Loin de s’essouffler, le mouvement de protestation, bien au contraire, prend de l’ampleur et augmente d’intensité. En effet, après une douzaine de jours de marches et de rassemblements, les protestataires ont décrété la désobéissance civile. Ainsi, la ville d’In-Salah et le chef-lieu de wilaya de Tamanrasset sont quasiment paralysés ces trois derniers jours. Pratiquement tout y est à l’arrêt durant la journée. Les manifestants occupent toujours, de jour comme de nuit, les deux principales places des villes sus-citées.
A In-Salah, une imposante marche a eu lieu ce mercredi 14 janvier. La procession, composée de trois carrés, celui des hommes en tête, puis celui des femmes et enfin un cortège de véhicules, a sillonné les principales artères de la ville avant de regagner la place jouxtant le siège de daïra, baptisée « Place de la résistance » où des tentes y sont installées depuis le 1er janvier. Visiblement las du discours rassurant distillé par le bal de responsables locaux, de wilaya, d’experts du gouvernement ou encore du ministre de l’Energie lui-même lors de leurs déplacements à In-Salah, les manifestants s’en sont remis à Dieu. Dans des vidéos de la marche partagées sur les réseaux sociaux, ils scandaient: « Il n’y a Dieu que Dieu, In-Salah dépend de sa volonté ».
Largement relayée par les médias et sur Facebook, la rumeur d’une visite d’un émissaire du chef de l’Etat à In-Salah, dont l’identité n’a pas été divulguée, ne semble pas enthousiasmé outre mesure les manifestants. « Le rang et l’identité de l’émissaire du président importe peu. Le plus important pour nous c’est le message que l’envoyé de Bouteflika sera chargé de transmettre aux manifestants. Va-t-il annoncer le renoncement du gouvernement à l’exploitation du gaz de schiste dans notre pays, comme nous n’avons jamais cessé de le réitérer ? C’est cela qui nous intéresse », affirme un délégué des manifestants ayant requis l’anonymat. Notre interlocuteur affirme avoir eu vent de la venue de l’émissaire du chef de l’Etat demain. Pour l’accueillir, un grand rassemblement sera organisé la « Place de la résistance » à partir de 9h. Outre In-Salah et Tamanrasset, d’autres manifestations similaires sont prévues dans plusieurs villes du Grand Sud, à l’instar d’Adrar, Metlili (Ghardaia), Ouargla et fort probablement de Laghouat, ajoutent nos sources.