De violents accrochages opposant des militants marocains à des militants algériens se sont produits jeudi et vendredi matin à Tunis, à l’occasion du Forum Social Mondial de Tunis (FSM). Ces accrochages ont failli tourner à l’affrontement. Les organisateurs du FSM ont crié au scandale et accusent des participants algériens de commettre des actes de violence. D’autres participants algériens accusent des associations marocaines d’avoir jeté de l’huile sur le feu en orchestrant des provocations inacceptables.
Jeudi, c’est lors d’une marche de soutien à la lutte des peuples sahraoui et palestinien, organisée par la délégation algérienne au complexe universitaire Ferhat Hachad à Tunis, que des échauffourées ont éclaté avec des militants marocains qui ont tenté de perturber cette initiative. Après ces premières tensions, vendredi, lors d’un atelier organisé par une association marocaine, des participants algériens ont fait irruption pour perturber les travaux prétextant que certaines thématiques sont attentatoires à la dignité et l’honneur du peuple algérien et sahraoui.
Ces débordements ont contraint les organisateurs à annuler les travaux de cet atelier avant que la situation dégénère. Mais selon Mentalecheta Chafia, députée de la communauté algérienne à l’étranger, qui se trouve sur place à Tunis, tout est de « la faute des organisateurs de ce forum ». « Ils ont accepté un atelier portant un thème d’une très lourde charge contre l’Algérie, et organisé par des Marocains », explique-t-elle à Algérie-Focus. Le thème, jugé « provocateur » par notre interlocutrice, de cet atelier s’intitule : « Crime contre l’humanité à Tindouf : Camps d’entrainement des enfants Sahraouis » ! Les autres participants algériens n’ont pas pu garder leur calme et ont réagi violemment à cette initiative.
Pour Mentalecheta Chafia, « la faute de cette dérive revient aux organisateurs de ce forum. Ils ont failli sur le plan organisationnel, et ils veulent porter la responsabilité de cet échec aux algériens et aux marocains en acceptant un tel thème. Un thème qui ne passerait pas sans créer des perturbations », accuse encore la députée algérienne en ajoutant que les organisateurs du FSM n’apprécient pas la présence en force des Algériens à Tunis.
« S’ils ne veulent pas de nous, qu’ils nous le disent et on est prêt à quitter ce forum », s’offusque-telle. « Je suis prête à quitter ce forum, mais pas la Tunisie. Je ne compte pas partir avant de participer à la marche de dimanche contre le terrorisme. J’espère qu’on sera aussi nombreux lors de cette marche, comme ce fut le cas de la précédente marche qu’on a organisée sous une pluie battante pour dénoncer l’attentat terroriste du Bardo » dit-elle encore.
Ma petite vidéo. Forum Social Mondial: bagarre Algérie/Maroc. Les Algériens ont réagi aux propos des Marocains qui disaient que les camps de Tindouf sont des centres qui regroupent des terroristes.
Posted by Chafaâ Bouaiche on jeudi 26 mars 2015
De son coté, Kader H, un jeune étudiant algérien, joint également ce matin par Algérie-Focus a confié que » Ni l’association marocaine qui a organisé cet atelier, ni le groupe d’Algériens qui a perturbé son déroulement ne sont représentatifs de la société civile des deux pays ». « Ce sont des associations fantoches envoyées pour les régimes marocain et algérien pour perturber les travaux de ce forum. Les organisateurs de ce forum ont invité n’importe qui. Ils sont également responsables de ces débordements », indique-t-il.
Nous avons tenté de joindre des participants marocains à ce forum, pour avoir leur version des faits, mais nos tentatives sont restées vaines. Pour leur part, les organisateurs du FSM de Tunis semble culpabiliser davantage les participants algériens. Lors d’une conférence de presse animée vendredi matin, ces organisateurs ont parlé surtout de ces « actes de violences commis par des groupes d’Algériens sur des personnes », ont-ils fait savoir. Des actes de violence qui ont semé « le désordre dans l’espace du forum social mondial », à en croire ces organisateurs.
Le député algérien Chafaâ Bouaiche, le président du groupe parlementaire du FFS, qui a assisté à cette conférence de presse, nous a fait savoir également que les organisateurs ont demandé au « ministère de l’intérieur tunisien de renvoyer la délégation officielle algérienne ». Pis encore, ils ont appelé à ce que des poursuites judiciaires soient « engagées contre certains participants qui ont commis des actes de violence ».
Arezki Ibersiene et Abdou Semmar