Le suspense est enfin terminé pour les familles des détenus de l’affaire Sonatrach à Oran. Le pôle juridique vient d’annoncer le verdict : un an de prison dont quatre mois fermes pour quatre accusés, assorti d’une amende de 200.000 DA. Et deux ans de prison dont une année ferme pour l’ex pdg du groupe avec une amende de 500.000 DA.
Notons que contrairement aux autres accusés, le Pdg du groupe, Meziane Mohamed, est le seul qui se trouve en liberté provisoire. Les quatre autres ont purgé pratiquement quatre mois de détention préventive avant la tenue de leur procès. Il s’agit de Feghouli Abdelhafid, ex vice président de Sonatrach, Pdg par intérim du groupe après la mise à l’écart de Mohamed Meziane et Pdg de Tassili Airlines avant son accusation. Le troisième accusé est Tidjini Nechniche, Pdg de Safir, une société mixte franco-algérienne. Le quatrième est Henni Mekki, ex directeur des études et du développement de l’activité Aval. Enfin le cinquième, Benamor Touati, responsable de l’entreprise Cogiz, une filiale de Sonatrach.
Soulignons que la semaine lors du procès de ces cinq accusés, le tribunal a requis quatre ans de prison contre les quatre derniers cités et six ans contre l’ex Pdg du groupe. Quant aux avocats, ils ont tous essayé de démontrer que l’accusation ne reposait sur aucun argument qui peut tenir la route.
Le contrat de gré à gré portant sur la réalisation par Safir d’un complexe de stockage d’azote pour le compte des unités de la Sonatrach d’une part et d’autre la dilapidation des deniers publics en ce qui concerne l’exécution de ce contrat ont constitué les chefs d’accusation pour lesquels ont été poursuivis ces cinq dirigeants. Il est à préciser que la Sonatrach, partie civile dans ce procès, n’a pas porté plainte parce que selon les dires de son avocat elle n’a accusé aucun préjudice découlant de l’exécution de ce contrat. Intervention qui n’a pas été du gout du représentant du ministère public et qui a été derrière le clash entre le collège des avocats des accusés et le tribunal.
Bien évidemment, lors du procès, Maitre Miloud Brahim, du barreau d’Alger, s’est illustré en démontrant que le procès s’inscrit dans le cadre d’un règlement de compte de nature politique. Soulignons que l’instruction de ce dossier a été assurée par la section économique du DRS, ce qui conforte la thèse du règlement du compte. S’agissant des familles des accusés, qui étaient présentes et visibles lors de ce procès, elles ont réclamé la traduction devant la justice de l’ex ministre de l’énergie Chakib Khalil, premier responsable du secteur lors des faits.
En effet, c’est lui qui est derrière la fameuse instruction inscrivant Safir dans le cadre des entreprises devant bénéficier de « la préférence nationale ». Ceux qui connaissent le cas de l’entreprise Safir s’interrogent toujours sur le silence de la tutelle, Sonatrach et partant le ministère de l’énergie, sur la vente par Gaz de France de ses parts (49% des actions de l’entreprise) à une autre entreprise française spécialisée dans le domaine des télécoms et qui n’a rien avoir avec l’engineering industriel. Ils mettent en cause même le partenariat avec l’opérateur français, partenariat contracté avant l’arrivée de Khalil à la tête du ministère de l’énergie, assimilé à un cadeau offert aux français au moment où l’Algérie était en prise avec les affres du terrorisme.
D’un autre coté, plusieurs observateurs ont relevé que la Justice algérienne s’est encore une fois « déjugée » lors de ce procès. Commentant le verdict, ils estiment qu’il a obéi à des considérations politiques. Il est intervenu pratiquement 24 heures après l’intervention du Chef de l’Etat exigeant de la Justice d’assurer d’avantage de protection aux cadres dirigeants. Par ailleurs, et comme l’a soulevé Maitre Miloud Brahimi, l’enquêtes diligentée par le DRS, au moins dans ce cas présent, a été guidée plus par des impératifs politiques que par des considérations de défense des intérêts nationaux. Ainsi donc, la justice algérienne a accusé en l’espace de deux semaines deux désaveux et dans la même région : une fois à Mostaganem lors du procès de Dalila Touat et une seconde fois à Oran lors du procès des cadres de la Sonatrach. Ce dernier a laissé des séquelles au niveau de l’entreprise. Selon une source bien informée, le personnel de l’entreprise fuit actuellement les propositions des postes de cadres dirigeants que publie la bourse du travail.
ZIAD Salah