1- Depuis leur création, les agences gouvernementales d’investissement ont présenté des bilans loin de refléter la réalité , raisonnant toujours en termes de dépôts de dossiers mais jamais en termes de réalisations effectives, l’écart durant ces 10 dernières années étant de plus de 80% dû à la fois aux entraves bureaucratiques, ( plus de 50% de frein à l’investissement qu’il soit local ou étranger) avec des changements périodiques de cadres juridiques, alors que le postulat premier est la stabilité pour plus de visibilité, de la sclérose du système financier, de la faiblesse d’un marché foncier libre, et d’une inadaptation du système socio-éducatif. En fait la raison fondamentale est la panne de la réforme globale, l’Algérie depuis 1986 n’étant ni dans une économie administrée, ni dans une véritable économie de marché concurrentielle, supposant un État de droit , expliquant l’extension de la sphère informelle qui contrôle plus de 40% de la masse monétaire en circulation et donc les difficultés de régulation tant économique, politique que social.
2- Or, au moment où toutes les institutions internationales ( FMI, Banque Mondiale , CNUCED) annoncent une baisse de plus de 20 %des investissements direct étrangers dans le monde en 2008/2009 , les flux mondiaux d’investissements directs étrangers ayant atteint le montant de 1,4 trillion de dollars (1,05 trillion d’euros) en 2008, en baisse de 21% par rapport à 2007 , la chute devant être plus importante pour 2009, les instituts stratégiques arabes quant à eux prévoyant une contraction de plus de 60% des investissements projetés due à la perte en sous capitalisation de plus de 2500 milliards de dollars ( effets de la crise mondiale) et à une perte sèche dues aux placements hasardeux de plus de 500 milliards de dollars, voilà que le directeur général de l’ANDI, euphorique, affirme le premier trimestre 2009 « que l’investissement en Algérie n’est pas touché par la crise financière ». Alors pourquoi toutes ces mesures actuelles de restrictions à l’importation et aux transferts de capitaux ? Bien plus l’agence nationale de l’investissement (Andi) annonce un bilan pour 2008 un volume des investissements enregistrés en 2008 de 2 402 milliards de DA , le montant global des IDE en partenariat, en Algérie, étant passé de 145,7 milliards de DA en 2007, à 897,6 milliards de DA, le tout en 2008 avec 16 925 projets et la création de 196 754 postes d’emploi;
3- C’est que le bilan de l’ANDI ne tient pas compte ni de l’impact de la crise mondiale qui verra inéluctablement une baisse de la demande tant locale qu’internationale, en contradiction avec les récentes mesures du gouvernement pour protéger l’effondrement des réserves de change et les déclarations du Ministre des Finances qui après avoir déclaré également que lacrise ne touche pas l’Algérie vient d’affirmer la mi août 2009 « l’Algérie a les deux pieds dans la crise ». Car, la crise mondiale est durable donc structurelle et non conjoncturelle et pourrait affecter sérieusement l’Algérie, et ce par le biais de la chute du cours du pétrole (le gaz étant indexé avec 50% du cours du pétrole) et de la dépréciation probable du cours du dollar ,.tenant compte du stock de la dette inférieur à 4,9 milliards de dollars, et les réserves de change de 144 milliards de dollars servant temporairement d’amortisseurs et ce par le biais de la chute du cours du pétrole (le gaz étant indexé avec 50% du cours du pétrole) et de la dépréciation probable du cours du dollar à plus de 50% pour l’année 2009 par rapport à 2008.
4-Par ailleurs ces déclaration récentes sont en contradiction avec le bilan dressé à la réunion du Conseil national de l’investissement (CNI), fin mai 2008 où il a été établi que sur 11 400 projets d’investissements nationaux et étrangers enregistrés en 2007 par l’Agence nationale de développement de l’investissement (ANDI), pas moins de 8000 concernent un seul secteur plus de 70%: les transports de personnes et de marchandises. Et que sur les 11 400 projets agréées par l’ANDI – donc ouvrant droit à d’importantes mesures de soutien de l’Etat- sont concentrés au niveau d’une dizaine de wilaya du nord du pays. Plus inquiétant, sur tous les dossiers présentés, seuls 136 sont des investissements étrangers se concentrant surtout au niveau BTPH et les services avec une rentabilité à court terme, et donc étant attiré par les réserves de change étant sur d’être payé. Je ne pense, selon mes informations, que les tendances lourdes aient été renversées entre 2008/2009.
En résumé, les résultats des organismes chargés de l’emploi (ANDI l’ANSEJ autant que le CNAC-) sont mitigés malgré les nombreux avantages accordés, pour couvrir les avantages fiscaux accordés aux investisseurs au titre de projets ANDI ou ANSEJ, puisque le nombre de projets réalisés inducteurs de valeur ajoutée et de création d’emplois à moyen et long terme est fortement limité. En fait tout cela renvoie à l’hostilité de l’environnement qui bloque l’épanouissement des entreprises créatrices de richesses et son soubassement la valorisation du savoir, qu’elles soient nationales oui internationales, privées ou le dernier rapport d’août 2009 du Forum Économique Mondial classant l’Algérie parmi les derniers pays ou existent les obstacles à la mise en œuvre d’affaires saines avec une corruption croissante expliquant que la logique rentière devient dominante donc d’importation et le court terme dans les projets (infrastructures notamment) l’emporte sur la logique de production à moyen terme créatrice de valeur ajoutée durable . Donc le blocage est d’ordre systémique, les replâtrages conjoncturels ayant des effets très limités malgré d’importantes dépenses monétaires grâce aux recettes des hydrocarbures (gaspillage croissant) non proportionnelles aux impacts économiques et sociaux.
Docteur Abderrahmane Mebtoul Professeur Université Économiste – Expert International ( Algérie )
NB- Cette contribution remaniée le 28 aout 2009, a été sélectionnée par le site international groupe Yahoo.fr comme la contribution de la semaine début juillet 2009 et a été diffusée à l’échelle mondiale en plusieurs langues