Les égyptiens continuent de se lamenter et à crier justice après les prétendues agressions contre leurs supporters par des algériens à l’issue du match qui a opposé les deux équipes à Khartoum. Presque une semaine après ce match, les médias audiovisuels et écrits égyptiens n’arrêtent pas, touchés dans leur honneur, de demander vengeance, réparations et … d’insulter le peuple, les dirigeants, l’histoire, la langue et la mémoire des algériens. Et tous le beau monde du Caire s’y est mis : les politiciens, les animateurs vedettes des chaînes publiques et privées, les journalistes, les avocats, les artistes et producteurs de cinéma, de la chanson et de la télévision, les corporations, etc.
Tous, à l’unanimité, ont haussé le ton et sans aucune retenue abondent dans une enchère frisant le pathétique et le ridicule dans leur invective contre l’Algérie et son peuple traité de tous les noms. Une spirale infernale que quelques mains invisibles participent à nourrir entretenant une flamme nationale-chauviniste et raciste, il ne faut pas l’omettre, indigne d’une grande nation comme ils prétendent tous à le signaler dans un dramatique drame « nilote ». Et tout y passe : mensonges, trucages vidéo (scène de tabassage d’un égyptien sur Nile Sport), usage de vieilles archives de supporters algériens, enfin des inepties éculées.
Aucune preuve des prétendues agressions à Khartoum n’a été apportée par ces médias ni par les centaines d’autres qui étaient présentes à Oum Dourman pour ce grand match ! Ou bien cela fait-il partie du complot ourdi par les généraux algériens qui ont les bras tellement longs qu’ils peuvent manipuler les médias occidentaux libres et les rendre aveugles et sourds à cette chasse à l’homme, à des milliers de kilomètres d’Alger!
La grande Égypte, la mère du monde, la patrie des pharaons aux 7000 ans d’histoire et de civilisation humiliée dans un match de football qui lui a ravi le voyage en Afrique du Sud. Touchée dans son amour propre, l’Égypte avait-elle besoin de se créer cette situation pour canaliser ses foules et les galvaniser pour restaurer un tant soit peu le déficit de patriotisme et le mécontentement populaire qui y règnent alors que la bourgeoisie politico-financière qui pousse ces jours-ci au fratricide ne s’est jamais mieux portée et se prépare à porter à la tête du pays un de ces dignes représentant : Gamal Moubarak, le fils du président actuel !
Qui à l’occasion, pas seulement lui mais également son frère Alâa, non habitué à s’immiscer dans les affaires politiques, lui qui préfère l’anonymat du business à l’ombre de la cour de papa, est également monté au créneau pour surenchérir et réclamer des sanctions et menacer l’Algérie. A voir, à lire et à écouter ce que débitent les médias « très libres » de l’Égypte on a du mal à croire que cette nation qui a tant donné au monde et au monde arabe est capable de vision à très courte durée et surtout tomber de si haut en laissant s’échapper ses sentiments véritables envers les « frères » à qui elle doit aussi énormément. Il faut signaler que l’Algérie, dont le pouvoir a également instrumentalisé ce match, a préféré répondre à l’agitation égyptienne par la fête, sans commentaire !
D. Ezzerhouni