Réserves de change de l’Algérie : quelle politique face à la crise mondiale ?

Redaction

Réserves de change de l’Algérie

Une baisse, des réserves d’or de l’Algérie, en avril 2009 par rapport à 2007.

1-Suivant avec une extrême attention les déclarations officielles des responsables algériens de l’économie, car engageant l’avenir du pays , je rappelle que devant le Parlement( APN et Sénat) le gouverneur de la banque centrale d’Algérie et le Ministre des Finances ont déclarés officiellement le dernier trimestre 2007 que les réserves d’or que détenait l’Algérie étaient de plus de 174,5 tonnes, information que j’avais longuement commenté reproduite par la presse algérienne et certains sites internationaux toujours disponibles( voir www.google.fr).

En ce mois d’avril 2009 ; l’organe officiel d’information APS donne un volume de 173,6 ce qui équivaut à une baisse durant cette période d’environ une tonne et ce malgré la production aurifère du Sud Ce volume représente selon la fluctuation du cours actuel de l’once d’or(800/900 dollars) entre 2 et 3% des réserves estimées à environ 140 milliards de dollars, ce qui est dérisoire par rapport aux besoins de financement où l’Etat, selon les directives du gouvernement entend être majoritaire dans tous les secteurs…

2-Comment ne pas préciser que l’argent des hydrocarbures et des mines est la propriété de tout le peuple algérien (supposant d’ailleurs une gestion démocratique de cette rente) et dans ce domaine il n’existe pas de confidentialités comme le montrent les grands débats actuels. Car les hydrocarbures représentent 98% des recettes en devises libellés en dollars et plus de 75% des recettes fiscales.

L’Algérie étant une économie essentiellement rentière, et selon le rapport du FMI de mars 2009 vit au rythme des dépenses sur un cours de 78 dollars le baril alors qu’il risque de fluctuer entre 40/55 dollars sur deux à trois années à prix constant du dollar pour 1,30 dollar un euro, s’il y a légère reprise de l’économie mondiale fin 2010, l’Algérie devant aller vers de déchirantes révisions budgétaires courant 2011, pouvant mettre en danger la cohésion sociale.

Le rapport de l’OCDE de fin mars 2009, la crise actuelle est la pire que le monde ait connu depuis la grande dépression avec une perte en sous capitalisation évaluée par le FMI fin février 2009 à 52.000 milliards de dollars contre 30.000 milliards de dollars à fin novembre 2008. Le produit intérieur brut (PIB) cumulé du club des 30 devrait chuter de 4,3% en 2009 et se stabiliser à moins -0,1% en 2010, toujours négatif par rapport au taux précédent déjà extrêmement faible. Le commerce mondial, lui, pourrait chuter de 13%, le chômage, lui, devrait être à 10,1% en zone euro en 2009, 11,7% en 2010 ; 9,1% au Etats-Unis en 2009, 10,3 en 2010. D’où l’importance d’être attentifs à nos réserves de change.

3- Outre la politique monétaire dont la cotation du dinar qui dépend des fluctuations des monnaies clefs (encore que la politique de la banque centrale n’est pas claire dévaluant récemment le dinar algérien tant par rapport au dollar que par rapport à l’euro, l’instabilité du taux de change décourageant tout opérateur) selon nos informations la Banque centrale utilise deux manières pour placer les réserves de changes de l’Algérie du moins entre 2007/2008. Les placements à l’étranger seraient de 70% en titre souverain, c’est-à-dire en bons de Trésor américains, japonais, britanniques et européens qui sont pour la plupart cotés AAA (placements très sûrs selon les notations qui ont montré avec la crise leurs limites) avec des durées qui sont plus ou moins longues. Le second placement s’effectue via les dépôts de la Banque centrale sur le marché bancaire et interbancaire.

L’argent est déposé par la Banque centrale auprès de banques internationales qui disposent de références très élevées. Ce matelas de devises serait composé à 40% en dollars américains, à 40% en euros, à 10% en yens et 10% en livres sterling. Mais existent des contradictions de différents responsables qu’il convient de lever rapidement, évitant de jouer sur la faible culture économique des Algériens mais qui se discréditent auprès des observateurs internationaux avertis, oubliant que le monde est devenu avec les satellites et Internet une maison de verre, ce qui démobilise l’opinion qui a le droit de savoir la destination de nos placements à l’étranger et du montant exact de nos réserves y compris les stocks d’or.

4- Combien, dans quelles banques et dans quel pays ? Car le silence ou déclarations vagues rappelant des évidences connues (nous avons remboursé la dette, nos banques et notre bourse ne sont pas connectés aux réseaux internationaux, nos réserves sont bien placées), alimentent les rumeurs les plus folles nuisibles aux intérêts supérieurs du pays. En effet, les responsables au plus haut niveau avancent des taux différents du montant placés à l’étranger ce qui suppose qu’une partie de nos réserves de change n’est pas disponible immédiatement.

Une gestion active des réserves de change, certes, suppose que l’on profite des fluctuations des différentes monnaies clefs mais suppose que l’on ait une marge de sécurité en gardant au moins 30% des réserves de change disponibles immédiatement. Par ailleurs, avec les nouvelles politiques des banques centrales dans le monde force est de reconnaître que compte tenu de l’inflation mondiale le rendement des avoirs algériens placés dans des structures garanties par les Etats est inférieur aux taux directeurs des banques centrales c’est-à-dire finançant gratuitement les économies d’autres pays, car le taux directeur de la FED américaine est de 0,25%, le taux directeur de la BCE 1,25% et pour les dépôts en livres sterling, et en yen les taux tendant également vers zéro.

Comme un retrait avant terme de ces montants, selon les contrats internationaux bancaires, donne lieu à une perte d’une partie des intérêts perçus. Car, vouloir retirer les bons de Trésor américain et les autres montants placés dans d’autres banques centrales pour vendre les obligations au niveau du marché occasionnerait avec la crise actuelle une décote pouvant varier entre 20 à 30% sinon plus sans compter, pour les bons de Trésor américain, la dépréciation du dollar de plus de 40%, ces sept (7) derrières années.

Dr Abderrahamne Mebtoul
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