Lu sur Rue89
Mohamed VI a recours à Aymeric Chauprade, un géopoliticien français, qui vient de se faire une nouvelle fois l’avocat de la position marocaine au Sahara occidental à l’ONU. Idéologue plus que scientifique, défenseur d’une « realpolitik », tout nouveau candidat du Front National aux prochaines élections européennes, il est « expert royal pour le Sahara occidental ».
Ce rassemblement est la vitrine du Front National version Marine Le Pen, présidente de ce parti d’extrême-droite français, dans le but d’attirer en son sein des personnes qui n’osent ou ne veulent pas pour des raisons diverses prendre leur carte au FN.
Conseiller discret de Le Pen depuis 4 ans
Aymeric Chauprade en fait partie. Il deviendrait très prochainement conseiller de la fille Le Pen pour les relations internationales, si l’on en croit la lettre électronique Maghreb Confidentiel. Mais, selon Lefigaro.fr il fait déjà partie du staff de la fille de Jean-Marie Le Pen, la conseillant depuis quatre ans, mais discrètement (son nom ne figure pas dans la liste de ses conseillers politiques disponible sur le site du parti).
Ancien enseignant en géopolitique au Collège inter-armées, Aymeric Chauprade est aussi conseiller de Mohamed VI pour le Sahel, selon Maghreb Confidentiel, et « expert du Royaume du Maroc pour le Sahara occidental », comme il l’explique lui-même.
C’est à ce titre qu’il vient d’intervenir le 8 octobre dernier devant la 4ème commission des Nations-Unies qui se réunit pour aborder notamment les questions de décolonisation.
Le 9 octobre 2012, cet intellectuel français faisait déjà partie des « pétitionnaires » autorisés à prendre la parole dans l’hémicycle du siège de l’ONU à New-York. Le compte-rendu des interventions précise qu’il faisait bien partie de la délégation marocaine. Ces propos rapportés alors sont les mêmes que ceux prononcés en octobre 2013 :
Aymeric Chauprade « a estimé que la question du Polisario ne peut être séparée de la question touarègue et du fondamentalisme ». « Ceux qui regardent le Sahara occidental avec les vielles lunettes du passé et de la guerre froide doivent revoir leur position », a-t-il conclu en 2012.
Propagande marocaine
Engagé comme « chef de file incontesté d’une nouvelle école réaliste de géopolitique française » celui qui dirige encore la chaire de géopolitique au Collège des Forces armées royales de Rabat depuis 2003 considère que « la nouvelle ligne de fracture sépare bien ceux qui souhaitent conjuguer souveraineté des États et autonomies, les mêmes défendant un islam modéré et enrichi des traditions locales, et ceux qui, a contrario, veulent purement et simplement détruire l’État-nation au profit d’un projet religieux extrémiste ».
Une fois décrit ce nouveau paysage géopolitique binaire, le conseiller occulte s’interroge faussement pour asséner un élément de la propagande marocaine :
« Chacun sait que les populations sahraouies sont travaillées par ces mêmes forces fondamentalistes comme l’ont été les populations touarègues, fait qu’en 2005 déjà le chef du Polisario reconnaissait lui-même dans les colonnes d’un journal algérien. Par quel miracle le Polisario aurait-il échappé à la dérive mafieuse et fondamentaliste que connaissent toutes les populations nomades du Sahara depuis plus de 10 ans ? »
On pourra remarquer l’usage d’expressions peu scientifiques et qui ont pour but de poser des évidences. « Chacun sait… », « Par quel miracle… », peuvent surprendre dans la bouche d’un spécialiste de géopolitique, fréquemment sollicité par les médias, comme France Culture début novembre (mais sur la Chine) ou, plus souvent, sur Radio Courtoisie, antenne faisant la part belle aux penseurs et activistes de la droite extrême, sur laquelle il est invité régulièrement…
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