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Oussama Ben Laden aurait lui aussi été membre de la Confrérie. A l’automne 2012, quelques mois à peine après l’élection de Mohamed Morsi à la présidence de l’Egypte, Ayman al-Zawahiri, numéro un d’Al-Qaïda depuis la mort du chef, affirmait dans une bande vidéo intitulée en anglais « Days with the imam » (« mes journées avec l’imam »), qu’Oussama Ben Laden avait été frère musulman lorsqu’il résidait en Arabie Saoudite. Des allégations embarrassantes pour le Bureau de la guidance au Caire qui les réfuta publiquement via son porte-parole, Mahmoud Ghozlan. Sont-elles pour autant dignes de foi ? Oui et non. Ben Laden a bien fait partie d’une émanation de la Confrérie en Arabie Saoudite, mais cette dernière, semi-clandestine, n’a jamais été pleinement reconnue par la maison mère. Il y a plusieurs raisons à cela. La première date du partenariat passé dès l’origine par le fondateur de la Confrérie et Ibn Saoud d’Arabie. Le roi saoudien, pour qui Hassan al-Banna avait la plus grande admiration, avait exigé contre le soutien sans faille de l’émirat – principalement financier – qu’aucune structure frériste en lien avec Le Caire ne fût installée dans la péninsule arabique. Le roi Saoud avait pris le pouvoir en écrasant d’anciens alliés appelés les « ikhwan », une milice de combattants islamistes qui avaient constitué une sorte d’Etat dans l’Etat, et il craignait que la même chose ne se produise si les Frères musulmans prenaient souche dans son royaume. C’est pourquoi les quatre branches saoudiennes de la Confrérie n’ont jamais été adoubées (du moins officiellement) par le canal historique. Les Frères se sont installés en nombre en Arabie Saoudite à partir des années 1960, principalement pour échapper aux répressions égyptienne et syrienne. Il y eut alors une interaction réciproque ; les Frères se radicalisèrent au contact du wahhabisme saoudien1, et les Saoudiens les plus politisés se trouvèrent à leur tour influencés par l’idéologie frériste. Pour Gamal al-Banna, le frère du fondateur, l’influence saoudienne pèsera de manière plus déterminante à partir de 1973 : « Après la guerre du Ramadan de 1973 (autrement appelée guerre du Kippour) et l’augmentation du prix du pétrole qui passe de 3 à 40 dollars le baril, l’Arabie Saoudite a émergé comme un pays puissant et riche. Elle a fondé l’Alliance des pays islamiques, fait construire des mosquées un peu partout, envoyé des imams et des livres aux minorités des pays de la Communauté européenne et aux pays islamiques les plus pauvres. Ainsi, les pensées wahhabite et salafiste se sont répandues dans le monde entier. Les cent mille travailleurs égyptiens qui ont émigré sous le règne de Sadate en Arabie Saoudite, et dans d’autres pays du Golfe, ont en retour influencé les Frères musulmans. Beaucoup d’entre eux, qui y ont fait fortune, sont ensuite retournés en Egypte, apportant dans leurs bagages la culture de ces pays.
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