Sauf énorme surprise, Abdelaziz Bouteflika va donc poursuivre son bail à El-Mouradia jusqu’en 2019. « Le Plus » que nous vous proposons cette semaine tente d’esquisser le bilan de quinze années de pouvoir, qui ont commencé alors que l’Algérie était exsangue et meurtrie. Il faut se souvenir de ce point de départ pour mesurer le chemin parcouru et comprendre cette obsessionnelle quête de stabilité qui sert aujourd’hui de justification à un quatrième mandat, que certains estiment être celui de trop. Dans une Afrique du Nord en perpétuelle ébullition depuis maintenant trois ans, l’Algérie fait figure d’exception. Là encore, les épreuves traversées par les voisins tunisiens, libyens ou égyptiens servent de repoussoir.
Le changement et l’alternance ne sont donc pas pour 2014. Peut-on cependant attendre du mandat à venir de bonnes surprises et, surtout, les réformes de fond dont l’Algérie a besoin ? Il est trop tôt pour le dire. En revanche, il est évident que les actuels dirigeants ont conscience qu’ils devront, dès le lendemain du 17 avril, se retrousser les manches. Car si tout le monde reconnaît que beaucoup a été fait depuis 1999, une fois le pays pacifié, sur un plan matériel (infrastructures, logement, santé, éducation, transferts sociaux), c’est bien le moins que l’on pouvait attendre compte tenu des immenses moyens financiers à disposition. Mais il reste tant à faire…
De quoi l’Algérie a-t-elle le plus besoin aujourd’hui ? De modernité. En politique, d’abord, pour instaurer un véritable débat démocratique et renouveler les cadres qui ont fait leur temps. La nation ne peut plus se passer des idées nouvelles d’hommes et de femmes qui se soucient moins de leurs privilèges ou de lécher les babouches du zaïm que de faire leur travail : proposer, discuter, faire bouger les lignes, représenter dignement leurs électeurs. Autre défi, colossal, la réforme de l’administration, cette hydre qui étouffe toute une population sous des tombereaux de paperasse et transforme la vie quotidienne du citoyen lambda ou de l’entrepreneur en infernal parcours du combattant. Un héritage des années Boumédiène, anachronique, paralysant, voire suicidaire pour un pays qui aspire au dynamisme.
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