Le pays s’est construit sur la rente pétrolière, en gonflant artificiellement le secteur public. Cela ne suffira pas à fournir de l’emploi aux jeunes arrivant sur le marché du travail.
Si l’Algérie a réussi à réduire le chômage au cours de la dernière décennie et affiche une croissance plus ou moins confortable, le chômage des jeunes reste élevé, en l’absence d’un secteur privé fort et indépendant. Le passage vers une économie post-pétrolière s’impose pour réduire également la vulnérabilité aux chocs externes.
La réélection d’Abdelaziz Bouteflika pour un quatrième mandat pose, au-delà de l’aspect politique et de celui des libertés, dans un monde arabe lassé par l’absence d’alternance au pouvoir, le risque de prolongement d’un mauvais paradigme économique. Celui-ci repose depuis des décennies sur un modèle rentier et un secteur public artificiellement «gonflé» qui ne permet pas de satisfaire le nombre croissant de jeunes arrivant sur le marché du travail et expose le pays à des risques de volatilité assez élevés.
Avec 2 millions de salariés, l’Etat est le premier employeur du pays, tandis que le secteur pétrolier représente le tiers du PIB, 98% des exportations, et plus de 70% des recettes publiques.
Cette manne pétrolière, soutenue par la flambée des cours mondiaux au cours de la dernière décennie, n’a pas été sans répercussions positives sur l’économie algérienne, certes. Le taux de croissance économique tourne aujourd’hui autour de 3% par an. Le taux de chômage a reculé de 30% en 2000 à moins de 10% l’an dernier tandis que le ratio de la dette au PIB, qui culminait à plus de 116% en 1996, n’a cessé de chuter dans les années 2000 pour atteindre 8,8% en 2008 et 9,2% en 2013, soit l’un des plus bas dans le monde.
Ces progrès fort importants, attribués souvent à Bouteflika, arrivé au pouvoir en 1999, sont davantage le résultat de l’abondance des pétrodollars durant cette période. Mais ils cachent de nombreuses failles dans le système économique du pays.
Tout d’abord, au niveau même de la croissance. Quoique positive, celle-ci reste modeste, par rapport à d’autres pays exportateurs de pétrole, comme le Qatar, le Koweït ou l’Arabie saoudite. Entre 2006 et 2013, la croissance algérienne n’a pas dépassé les 3,6%, reculant même à 1,6% en 2009, dans la foulée de la chute des cours mondiaux de pétrole.
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