Lu sur Liberté
Sécurité renforcée et refus de visas par les Algériens font que le touriste étranger devienne l’oiseau rare dans le désert du Sahara. Les locaux sont découragés par la cherté du produit.
L’ouverture de la saison touristique saharienne est passée sous silence par les autorités qui trouvent de plus en plus de difficultés à trouver des arguments convaincants à présenter aux agences de voyages dans le Grand-Sud (Djanet et Tamanrasset) tout comme à Timimoun ou Taghit. “Depuis 2010, notre activité fonctionne au ralenti mettant en difficulté de nombreuses agences de voyages”, a indiqué un responsable du syndicat des agences de voyages dénonçant une situation des plus critiques qui ne semble pas émouvoir pour autant les autorités concernées. “Le bivouac est interdit à Timimoun depuis déjà deux ans sans même qu’on nous explique les raisons. Il ne s’est pourtant jamais rien passé dans les parages”, s’indigne un professionnel local qui fait remarquer que “nous avons eu l’année dernière de nombreuses réservations de l’étranger mais rien ne s’est concrétisé parce que les clients à travers des agences et des tour-operators se sont vu refuser le visa sans aucune explication. Déjà que la procédure est pénible…”. L’agence doit adresser les demandes de visa avec tous les renseignements exigés sur les touristes à recevoir pour les communiquer au directeur du tourisme (DTA) qui doit les transmettre au wali. Ce dernier, après avoir étudié la demande, renvoie sa réponse au DTA qui doit s’adresser ensuite à sa tutelle en l’occurrence le ministère du Tourisme et de l’Artisanat. Celui-ci contacte, alors, le ministère des Affaires étrangères qui envoie une requête à l’ambassade d’Algérie du pays concerné par la demande et ce n’est qu’à ce moment-là que la demande atterrit au consulat quand il daigne répondre par l’affirmative. “Le visa algérien est le plus cher et le plus difficile à obtenir même lorsqu’on voyage dans un cadre organisé. C’est insensé”, s’étonnent les agences qui déplorent que la procédure prenne autant de temps. “Cela peut aller d’un mois et demi à quatre mois. Ça ne peut pas fonctionner de la sorte surtout que le touriste étranger aime bien profiter des formules (billetterie ou séjour) qui sont très limitées dans le temps”, expliquent nos interlocuteurs qui ne comprennent pas non plus pourquoi les autorités tiennent absolument à imposer des escortes qui ne font qu’effrayer les gens davantage. “Ils gagneraient à être plus réactifs et surtout plus discrets. Parfois, on explique même leur présence et surtout leur zèle. On ne fait pas du tourisme avec de pareils comportements.” Vient s’ajouter à tous ces blocages et tracasseries le fait que l’Algérie soit toujours portée comme une destination déconseillée par de nombreuses chancelleries, et ce, avant même l’incident de Tiguentourine. Ce dernier n’a fait d’ailleurs que porter le coup de grâce à une activité qui battait déjà de l’aile. Cela implique des pertes d’emplois et des agences qui mettent la clé sous le paillasson et donc de nombreuses familles livrées à elles-mêmes sans aucune source de survie. “Comment peuvent-ils s’étonner que certaines personnes s’adonnent aux commerces illicites. Nos cris de détresse ont toujours été ignorés comme si nous n’étions pas des Algériens comme tous les autres”, assènent de nombreux intervenants du domaine qui ne manquent pas de remettre en cause les 20% de hausse des touristes reçus durant la saison écoulée par rapport à 2011 comme rapporté par les responsables régionaux. “Ce sont des statistiques ‘trompe-l’œil’ que de comparer ainsi 2012 à 2011 sans dire ce qu’il a été en 2010 considéré comme une année en berne pour le tourisme saharien. Ensuite, il faut préciser que nous avons eu plus de locaux que d’étrangers et le calcul est loin d’être le même”, explique un guide chevronné de Timimoun qui va jusqu’à dénoncer une urbanisation anarchique de la ville de Timimoun qui, de son avis, ne fait que se clochardiser.