Revue de presse. Qui est Abdelhakim Dekhar, le présumé tireur fou de « Libération » ?

Redaction

Lu sur Marianne

L’homme interpellé mercredi soir dans un parking de Bois-Colombes, Abdelhakim Dekhar, a été condamné en 1998 dans l’affaire Florence Rey. En attendant le verdict de l’ADN, premières révélations sur ce garçon de 48 ans suspecté d’avoir pris pour cible les locaux de BFM, de Libération, puis le siège de la société générale à la Défense.

Né le 24 septembre 1965 en Moselle, fils de Larbi, ouvrier mineur, ex-agent de liaison du FLN pendant la guerre d’Algérie, et de Reckia, tous deux originaires de petite Kabylie, Abdelhakim Dekhar, alias « Toumi, dispose de la double nationalité, française et algérienne. Il a exercé les métiers de chaudronnier et d’animateur, mais à en croire l’un des docteurs qui a mené son examen psychologique pour le compte de la justice après son arrestation, en 1994, pour complicité de vol à main armée,  « ces différents emplois n’auraient en fait qu’un rôle de prétexte, puisque son activité réelle, officielle et mensualisée selon lui, aurait été celle d’officier de renseignements pour les autorités algériennes ». « C’est ainsi, poursuit le docteur, qu’il aurait eu pour mission d’infiltrer les milieux gauchistes, marginaux et potentiellement violents de la région parisienne ». Dernière réflexion : « Il n’est pas impossible que les services de renseignements algériens ou français utilisent des personnalités plus ou moins déséquilibrées et plus ou moins insérées socialement pour justement infiltrer les milieux marginaux ».

Dés ses premières déclarations devant le juge chargé d’élucider l’attaque d’une fourrière parisienne par deux apprentis gauchistes, ponctuée par la mort de trois policiers et d’un chauffeur de taxi, Dekhar raconte en effet qu’il a bénéficié d’une formation dans une école militaire, près d’Alger (« On m’a appris à formuler des messages, à les coder, à filmer avec des caméscopes et à filer les gens »). Puis comment il a mené ses premières missions d’espionnage parmi les étudiants algériens, sur le campus universitaire de Metz, pour le compte d’un membre de l’amicale des algériens en Europe, un certain Mohamed Boudiaf. C’est sous le contrôle d’un officier palestinien, un certain Haffif Lakdar, qu’il aurait approfondi ses contacts avec la mouvance autonome, en particulier avec Philippe Lemoual, qu’il a connu à l’occasion d’un concert, puis en fréquentant les squats parisiens, fin 1990. « On m’avait, dit-il, demandé de m’infiltrer auprès de gens susceptibles de faire partie de milieux islamistes dans certaines banlieues ». On lui aurait également permis d’accéder à une sorte de centre de documentation sur l’extrême gauche clandestine, situé à l’intérieur de l’ambassade d’un pays du Golfe, près des Trocadéro. Il aurait ensuite été pris en main par un membre du consulat d’Algérie à Aubervilliers, un certain Moukran. Travaux pratiques : un mystérieux tract appelle à la jonction de la violence entre l’Algérie et les banlieues françaises, en novembre 1993. « On » lui demande « d’être bien » avec Philippe, mais aussi avec un garçon surnommé « Francky », qui semble lui aussi avoir un lien avec ce tract.

« C’est dans ces conditions, explique-t-il, que Philippe est venu me demander d’acheter un fusil de chasse » S’il a accepté, c’est « dans une optique précise, qui consistait à faire du renseignement pour mon pays, qui est en guerre ».
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