Lu sur Liberté
Le Premier ministre a conscience de la méfiance que l’Algérie suscite auprès d’observateurs étrangers qui ont des a priori évoquant auprès de lui une certaine opacité. “L’opacité a été notre seul moyen de nous protéger” lors d’une période trouble, désormais révolue, selon lui.
Il y a une “dictature de la bureaucratie” en Algérie mais le pays n’est pas le sanctuaire “des flics et des généraux”. Sans présenter l’image d’un pays idyllique, Abdelmalek Sellal a fait un plaidoyer en faveur de l’ouverture car l’Algérie “fière de son passé et de son histoire” n’a plus aucun complexe à nourrir vis-à-vis de qui que ce soit. Et surtout pas de la France dont le président François Hollande a réservé “tous les honneurs” à notre Premier ministre en déplacement à Paris où il a représenté le chef de l’État au sommet France-Afrique. “J’ai eu tous les honneurs. Mais c’est l’Algérie qui a été honorée et pas moi”, s’est enorgueilli M. Sellal lors d’une rencontre avec quelque 200 figures de la communauté algérienne en France.
M. Sellal a conscience de la méfiance que l’Algérie suscite auprès d’observateurs étrangers qui “ne nous connaissent pas” mais qui ont des a priori évoquant auprès de lui une certaine opacité. “L’opacité a été notre seul moyen de nous protéger” lors d’une période trouble, désormais révolue, selon lui.
Grâce au président Bouteflika, le pays “traverse une période de stabilité politique et économique”, a-t-il noté en déclinant les indicateurs macro-économiques “tous au vert” et les résultats de la politique de réconciliation nationale. “Tout ceci est l’œuvre d’un seul homme : c’est Bouteflika qui a réussi la réconciliation nationale au moment où on était à plus de 200 000 morts.” M. Sellal s’est défendu de faire la campagne pour le président sortant. “S’il faut la faire je le ferai mais je dis cela à titre de reconnaissance”, a-t-il argué.
Sur le plan sécuritaire, les inquiétudes viennent de derrière les frontières partagées avec sept pays dans une zone où le terrorisme est fortement connecté au trafic de drogue. L’expérience de l’Algérie en matière de lutte contre le terrorisme lui ont valu d’être sollicitée pour porter le fer à l’extérieur, au Mali et en Libye par exemple. M. Sellal, entouré du ministre des Affaires étrangères et de l’ambassadeur à Paris, a rappelé les principes doctrinaux. “Nous n’utiliserons pas notre armée et nos moyens en dehors du pays.”
Là où le Premier ministre s’est montré sévère, c’est au sujet de l’éducation nationale et du système de formation “autocentré”. Après avoir rappelé le statut indiscutable de la langue arabe, il a appelé à l’ouverture dans un monde de plus en plus imprégné par les nouvelles technologies de la communication. “Il est fondamental d’acquérir les autres langues, particulièrement le français”, car “nous avons besoin d’ouvrir le pays”, a-t-il plaidé. Dans ce cadre, il a rassuré les détenteurs de la double nationalité. “L’Agérie est votre pays. Vous y avez votre part. Personne ne vous l’enlèvera. Nous n’avons aucun problème avec les binationaux”, a assuré le Premier ministre.