Lu sur Le Nouvel Obs
De son procès en 1964 au prix Nobel, 30 ans plus tard, les paroles de l’ex-président sud-africain sont un plaidoyer pour une société humaniste en lutte contre les discriminations.
Farouche opposant à l’Apartheid, Nelson Mandela, décédé le jeudi 5 décembre, portait par ses mots des valeurs universelles d’égalité entre les peuples. Lors du procès qui l’envoie en prison pour 27 ans, l’activiste politique se dit « prêt à mourir » pour son idéal d’une société libre et démocratique, avec des chances égales pour tous.
20 avril 1964 – Procès de Rivonia
Arrêté par la police sud-africaine en 1962 pour ses activités contre les politiques de ségrégation raciale, Nelson Mandela purge cinq ans pour avoir incité des gens à se mettre en grève à la fin du mois de mai 1961. Accusé de sabotage, haute trahison et complot avec 19 dirigeants de l’ANC, le leader du parti politique plaide sur le banc des accusés, à Pretoria en 1964.
« Au cours de ma vie, je me suis consacré à cette lutte des peuples africains. J’ai combattu contre la domination blanche et j’ai combattu contre la domination noire. J’ai chéri l’idéal d’une société libre et démocratique dans laquelle tout le monde vivrait ensemble en harmonie et avec des chances égales. C’est un idéal pour lequel j’espère vivre et que j espère accomplir. Mais si nécessaire, c’est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir. »
A l’issue du procès de Rivonia, Nelson Mandela est condamné à la prison à vie.
11 février 1990 – Libre après 27 ans de prison
Au balcon de l’hôtel de ville de Cape Town, devant la foule venue l’acclamer, le chef historique de l’ANC demande « la libération de tous les prisonniers politiques, et non pas de quelques uns ».
« Je suis ici devant vous non pas comme un prophète mais comme votre humble serviteur. C’est grâce à vos sacrifices inlassables et héroïques que je suis ici aujourd’hui. Je mets donc les dernières années de ma vie entre vos mains. »
Dans un pays où les lois de l’apartheid sont encore en vigueur, Nelson Mandela déclare n’avoir « pas d’autre choix que de continuer la lutte armée ». Il conclut son discours en répétant les mots prononcés 26 ans auparavant au procès de Rivonia, toujours « prêt à mourir » pour son idéal.
10 octobre 1993 – Lauréat du prix Nobel
Trois ans après sa libération, Nelson Mandela se voit remettre le prix Nobel de la Paix avec le président sud-africain Frederik de Klerk pour l’abolition de l’apartheid, en juillet 1991. A l’hôtel de ville d’Oslo, Nelson Mandela salue la mémoire de Martin Luther King, un autre lauréat qui recevait son prix Nobel de la Paix en 1964, quand l’opposant sud-africain était condamné dans son pays.
« Qu’il ne soit jamais dit par les générations futures que l’indifférence, le cynisme et l’égoïsme nous ont empêché d’être à la hauteur des idéaux humanistes. Que chacune de nos aspirations prouve que Martin Luther King avait raison, quand il disait que l’humanité ne peut plus être tragiquement liée à la nuit sans étoiles, du racisme et de la guerre. Que les efforts de tous prouvent qu’il n’était pas un simple rêveur quand il parlait de la beauté de la véritable fraternité et de la paix, plus précieuse que les diamants en argent ou en or. »