Santé. Le diabète: la maladie des pauvres ?

Redaction

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Nous avons un cliché plutôt réducteur du diabète. En effet, la dimension sociale du diabète est souvent ignorée. De plus en plus, le diabète devient une maladie des pauvres. L’épidémie mondiale progresse dangereusement vers les populations défavorisées et vulnérables. Ce constat est valable partout dans le monde, particulièrement en Algérie qui compte près de 3 millions de diabétiques, soit 10% de la population. Une étude faite en 2006 par le centre national d’études et d’analyses pour la population et le développement (CENEAP) révèle que 11,1% des ménages algériens sont pauvres dont 8% de ménages urbains contre 15,2% pour le milieu rural.

“Diabète : tous différents, tous égaux”

Parce qu’il est important d’établir cette vérité et de prévenir la progression du diabète, la journée mondiale du diabète 2006 a choisi le thème des personnes défavorisées et vulnérables, car il est impératif de nos jours qu’aucune personne atteinte de diabète ne soit laissée pour compte et que chacun soit conscient des possibilités de soins, de prévention et d’éducation à sa disposition.

En effet, la pauvreté réduit la probabilité de prévenir et de diagnostiquer le diabète à un stade précoce, limite l’accès à des soins adéquats et réduit les chances de diagnostiquer et de traiter efficacement les complications.

Pourquoi célèbre-t-on la journée mondiale du diabète ?

La date du 14 novembre, déclarée journée mondiale du diabète, commémore la naissance de Frederick Banting à qui l’on attribue, de même qu’à Charles Best, la découverte de l’insuline (hormone produite par le pancréas qui diminue le taux de sucre dans le sang) en 1921. C’est une initiative de la Fédération internationale du diabète (FID) et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

La FID, organisation regroupant plus de 190 associations membres dans plus de 150 pays, a pour mission la promotion des traitements diabétiques, la prévention et la guérison à l’échelle planétaire. Elle mène une campagne destinée à soutenir une résolution de l’ONU pour le diabète.

En effet, l’article 25 de la déclaration des droits de l’Homme souligne que « toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires ». Ce droit élémentaire est un luxe que de nombreuses personnes n’ont pas les moyens de se procurer.

Dans les pays en voie de développement tout comme dans les pays industrialisés, les privations matérielles, les conditions de vie insalubres, l’accès limité aux soins de santé de qualité, le coût élevé des transports ainsi que les dépenses supplémentaires liées à un traitement, constituent des barrières à l’accès aux soins de santé.

Le diabète, grand facteur de paupérisation

L’énorme fardeau économique direct et indirect engendré par le diabète, entraîne dans la pauvreté de nombreuses personnes appartenant à ce qui est communément appelé « la classe moyenne ».

En Algérie, et dans beaucoup d’autres pays en voie de développement, le diabète touche généralement les personnes en âge de travailler, entre 35 et 64 ans, tandis que dans les pays industrialisés, la majorité des personnes atteintes de diabète sont déjà à la retraite. Lorsque le principal salarié est atteint de complications diabétiques, le choix entre les dépenses pour les soins de santé et celles pour la nourriture ou les vêtements peut entraîner la famille entière dans une spirale de pauvreté croissante et de santé détériorante.

Les maladies chroniques sont-elles l’apanage des riches ?

Une inquiétude de plus vient de ce que le diabète a changé de classe sociale de prédilection. Aux alentours de 1900, on pouvait dire du diabète qu’il « était à l’aristocratie indienne ce que la goutte (était) à la noblesse anglaise »; un siècle plus tard, c’est une maladie du tiers monde, en pleine expansion dans les populations les plus nombreuses et souvent les moins bien couvertes par les systèmes de solidarité sociale.

Les liens entre pauvreté et maladies chroniques sont globalement ignorés dans les programmes actuels de lutte contre la pauvreté en raison de l’idée fausse selon laquelle seuls les riches souffrent de ces maladies. Or, de nouveaux éléments de preuve montrent qu’il est essentiel de réviser l’action de lutte contre la pauvreté afin que les pauvres ne soient plus laissés sans aide face à une charge croissante de maladies chroniques.

Si l’alimentation (saine) est notre première médecine, la malnutrition est source de tous nos maux !

Le professeur Nibouche, président de la société algérienne de cardiologie, faisait déjà remarquer en 2004 que l’Algérie comptait presque autant de diabétiques qu’un pays comme la France où la population est double ! L’abandon du mode de vie traditionnel au profit d’un comportement basé sur le modèle occidental semble être le facteur central favorisant l’émergence du diabète de type 2. Même les populations urbaines les plus pauvres changent leurs habitudes de vie, se sédentarisent et se nourrissent de produits gras et sucrés manufacturés très bon marchés facilement accessibles dans la rue. Par conséquent, notre alimentation est devenue trop riche en graisses saturées (brochettes, viande grasse, omelette frites…) et aussi en sucre (consommation excessive de limonade, de sucrerie …etc.).

Aujourd’hui, il faut lancer un appel clair et fort aux autorités concernées par la qualité alimentaire et la protection du consommateur afin d’arrêter la propagation dangereuse des restaurants de brochettes et les innombrables « fast-food » dont les aliments, à la salubrité douteuse, sont souvent composés d’un taux de graisse très nuisible pour la santé. Il faut aussi contrôler le taux de sucre dans les boissons sucrées en réglementant l’utilisation et le dosage des édulcorants.

Pauvreté et pratique d’une activité physique, le difficile compromis

Les espaces verts pour la pratique physique sont souvent vite envahis par le béton surtout dans les grandes villes. On étouffe ! L’exode rural, devenu massif ces derniers temps, ne fait qu’aggraver les choses. De même, la pratique d’un sport, outre qu’elle peut réclamer un investissement financier parfois conséquent, suppose l’existence d’un temps de loisir dont il est rare de disposer quand on vit au bas de l’échelle sociale.

Le tabagisme doit être activement combattu par tous les moyens possibles, notamment par de vastes compagnes de sensibilisation dans les milieux scolaires et à travers les médias lourds.

Diabète, une maladie aux proportions épidémiques !

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le diabète tue un nombre considérable de personnes, de tout âge. Six personnes meurent directement ou indirectement de cette maladie chaque minute ! La Fédération internationale du diabète (FID) a rendu public en décembre 2006 de nouvelles données révélant la gravité de l’épidémie de diabète. Les données stupéfiantes indiquent que la maladie touche désormais 246 millions de personnes dans le monde, et que 46 % des personnes atteintes ont entre 40 et 59 ans, soit l’essentiel de la population active.

Les statistiques précédentes sous-estimaient l’envergure du problème, et même les prévisions les plus pessimistes étaient loin des chiffres réels. Les nouvelles données prévoient que le nombre total de personnes vivant avec le diabète montera en flèche pour atteindre 380 millions de personnes d’ici vingt ans si rien n’est fait. Le diabète, et notamment le diabète de type 2, touche maintenant 5,9 % de la population adulte mondiale.

De ce nombre, presque 80 % habite des pays en voie de développement. Les régions affligées des taux les plus élevés sont la Méditerranée orientale et le Moyen-Orient où 9,2 % de la population adulte est touchée, ainsi que l’Amérique du Nord (8,4 %).

Quelle définition pour le diabète ?

Le diabète sucré est un groupe de maladies caractérisées par une élévation du taux de sucre dans le sang (hyperglycémie chronique) résultant d’un défaut de la sécrétion de l’insuline, on parlera alors du diabète de type 1 (encore appelé diabète maigre) ou diabète insulino-dépendant (DID) d’origine génétique et héréditaire ; ou d’une diminution de la sécrétion de l’insuline associée à une résistance à l’action de celle-ci au niveau des organes cibles, il s’agira alors du diabète de type 2 (encore appelé diabète gras) ou diabète non insulino-dépendant (DNID) qui se manifeste tard dans la vie et qui accompagne souvent une obésité ayant pour origine un régime alimentaire inapproprié.

Le diagnostic de diabète est posé si :

1/ Le sujet présente des symptômes cliniques de diabète : émission d’urines abondantes (polyurie), entraînant une soif intense (polydipsie), une perte de poids inexpliquée contrastant avec une fatigue inhabituelle et une glycémie (taux de sucre dans le sang) prise au hasard supérieure ou égale à 2 grammes/litre

2/ Ou si la glycémie à jeun mesurée à deux reprises est supérieure ou égale à 1,26 grammes/litre

3/ Ou si la glycémie est supérieure ou égale à 2 grammes/litre deux heures après l’ingestion de 75grammes de sucre au cours d’une HGPO (épreuve d’hyperglycémie provoquée orale).

Le diabète ne pose donc habituellement pas de problèmes diagnostic mais plutôt le problème d’une prise en charge au long cours comprenant une surveillance spécifique astreignante et le dépistage des complications rétiniennes, rénales, neurologiques et cardiovasculaires.

Les autres anomalies de régulation du glucose

– L’hyperglycémie modérée à jeun est définie lorsque la glycémie à jeun est supérieure ou égale à 1,10 g/litre et inférieure à 1,26 g/litre.

– L’intolérance au glucose est définie lorsque la glycémie à jeun est inférieure à 1,26g/litre et que la glycémie 2 heures après l’ingestion de sucre (glucose) est supérieure ou égale à 1,40 g/litre et inférieure à 2 g/litre.

Ces anomalies constituent vraisemblablement un risque évolutif vers le diabète de type 2.

Le diabète est-il héréditaire ? Qui risque de devenir diabétique ?

C’est une question légitime mais qui ne doit pas être source d’angoisse. Il existe une certaine prédisposition familiale qui vient des caractères héréditaires des parents (les gènes). Contrairement à d’autres cas dans lesquels les enfants ont inéluctablement une maladie identique à celle des parents, il s’agit là d’une simple prédisposition : c’est à dire que le diabète n’apparaîtra que si des circonstances extérieures s’ajoutent à cet état inné. Le mode de vie a une grande importance pour déterminer si une personne prédisposée au diabète de type 2 développera la maladie. Celle-ci est plus fréquente chez les personnes qui ne font pas assez d’exercice physique, qui ont une alimentation trop grasse ou trop calorique et/ou une surcharge pondérale. Le niveau socio-économique bas joue par conséquent un rôle dans le développement du diabète de type 2 chez les personnes initialement prédisposées.

A quels risques expose le diabète ?

Le diabète pose un vrai problème de santé publique par le biais des complications chroniques dominées par les complications cardio-vasculaires, le pied diabétique, l’insuffisance rénale chronique et la rétinopathie diabétique.

Les complications à court terme

L’hypoglycémie (diminution du taux de sucre dans le sang) constitue sans doute l’accident le plus fréquent au cours de la maladie diabétique. Ses principaux symptômes sont : sensation de faiblesse, somnolence, agitation, sueur, flou visuel, tremblements, faim ou crampe gastrique, anxiété, irritabilité et vertiges. On peut également ressentir une perte de concentration, avoir une impression de froid et devenir pâle. Dans certains cas très graves, il peut y avoir une perte de conscience et même un coma.

Il se peut que vous ne ressentiez pas tous ces symptômes, l’hypoglycémie étant perçue de façon différente selon les individus. L’important est d’apprendre à reconnaître les signes avertisseurs d’une hypoglycémie et de savoir comment réagir vite et comme il se doit. En présence d’un de ces signes, il faudra immédiatement manger ou boire quelque chose contenant du sucre, par exemple 15 grammes de sucre rapide, soit 3 morceaux de sucre ou des bonbons, ou 200 ml de jus d’orange.

Attention, les hypoglycémies provoquées par les comprimés sont souvent plus graves que celles provoquées par l’insuline, car plus longues et récidivantes, même parfois après l’arrêt du traitement.

L’hyperglycémie aiguë (élévation brutale du taux de sucre dans le sang) peut survenir après avoir fait un gros repas ou au décours d’une maladie (infection, fièvre, gastro-entérite,…). L’hyperglycémie aiguë n’est généralement pas grave si la hausse de la glycémie est de courte durée, mais des niveaux de glycémie très élevés peuvent représenter une urgence médicale s’ils ne sont pas identifiés et traités comme il se doit. Ses principaux symptômes sont : soif, besoin plus fréquent d’uriner, une faim, fatigue et endormissement. La vision peut être trouble et des crampes dans les jambes peuvent apparaître. Ces symptômes sont identiques aux signes précurseurs les plus fréquents d’un diabète. En cas de glycémie très élevée (supérieure à 2,70 g/l) et persistante, il est conseillé de tester les urines à la recherche de sucre et de corps cétoniques (cétonurie) témoignant d’un manque d’insuline important. Dans ce cas, un avis médical est nécessaire rapidement !

Les complications à long terme

Le diabète de type 1 provoque des complications fonctionnelles (atteintes des yeux et du système nerveux) peut-être plus précoces et plus sévères et une complication vitale (atteinte rénale) plus fréquente chez le sujet jeune. En revanche, le diabète de type 2 entraîne probablement plus de manifestations cardio-vasculaires parce qu’il évolue plus silencieusement et plus longtemps chez des sujets moins assidûment traités.

Diabète, cœur et artères

Les parois des artères peuvent s’épaissir à cause de l’accumulation des graisses dans le sang (cholestérol et triglycérides) et durcir en raison de la formation d’un tissu cicatriciel.  Il s’agit de l’athérosclérose qui s’installe en général dans des zones localisées, mais aussi dans tout endroit du système circulatoire. Cependant, certaines artères sont plus vulnérables. Ainsi, un caillot peut se former dans une artère coronaire (artère du cœur) et bloquer le vaisseau complètement provoquant un  infarctus du myocarde (IDM) ou crise cardiaque. Si les artères qui alimentent le cerveau sont touchées, certaines régions du cerveau pourront manquer d’oxygène, entraînant des évanouissements ou un accident vasculaire cérébral (AVC). L’athérosclérose peut également affecter les grosses artères qui alimentent les muscles des membres inférieurs.

Si le muscle du mollet ne reçoit pas suffisamment de sang, le fait de marcher sur de longues distances peut devenir douloureux (crampes à l’effort) et la personne concernée devra s’arrêter pour récupérer avant de continuer, c’est la claudication intermittente. Il est essentiel de surveiller et de gérer tous les facteurs qui augmentent le risque de maladie artérielle, car la maladie cardiovasculaire peut être extrêmement grave. Les diabétiques présentent un risque accru d’athérosclérose s’ils ne maîtrisent pas bien leur glycémie.

Le fait de fumer, l’hypertension artérielle (HTA) et un niveau élevé de cholestérol et de triglycérides aggravent ce risque. L’HTA est probablement deux fois plus fréquente chez les diabétiques que dans la population normale. La plupart des patients ont besoin de deux médicaments ou plus pour atteindre l’objectif tensionnel qui est de 130/80 mmHg pour les patients diabétiques ou les insuffisants rénaux.

Le diabète et les reins

Tout diabétique doit régulièrement faire tester ses urines pour rechercher les protéines. Si elles comportent trop de protéines, la fonction rénale sera testée plus en détail.

En effet, le premier symptôme indiquant que les reins sont endommagés par le diabète est qu’ils commencent à laisser fuir des protéines dans les urines, en particulier l’albumine. A ce stade précoce, les dommages peuvent être réparés avec un strict contrôle de la glycémie et de la pression artérielle, d’où l’importance des tests urinaires réguliers lors des visites médicales.

Si le problème n’est pas traité dès que possible, les reins vont progressivement travailler de moins en moins bien. En l’absence de traitement, les reins cessent progressivement de fonctionner, c’est l’apparition d’une insuffisance rénale.

Le diabète et les yeux

Lors du diagnostic d’un diabète, la vision peut être floue en raison de niveaux élevés de glycémie. Cette anomalie va disparaître et ne correspond pas à une lésion de la rétine. Lorsque le diabète atteint les petits vaisseaux sanguins qui alimentent le fond de l’œil (la rétine), la vision peut s’en ressentir.

Des maladies des yeux comme la cataracte ou le glaucome (élévation de la pression oculaire) sont davantage susceptibles d’apparaître si vous êtes diabétique. On peut limiter les complications oculaires en maintenant la glycémie et la tension artérielle dans les objectifs fixés.

Les premiers changements au niveau de l’œil peuvent passer totalement inaperçus, c’est pourquoi il est important de les détecter à temps en effectuant des contrôles annuels chez l’ophtalmologiste afin de pouvoir les traiter.

Le diabète et les pieds

Les diabétiques doivent tout particulièrement faire attention à leurs pieds car ils peuvent être sujets à des blessures ou à des infections. Cela est dû au fait que la sensation protectrice des orteils ou des pieds, peut disparaître lentement.

Aussi, beaucoup de diabétiques souffrent d’une mauvaise circulation sanguine et ont des difficultés à combattre l’infection. Pour protéger leurs pieds, les diabétiques doivent toujours porter des chaussures souples et bien adaptées qui laissent un peu de place supplémentaire puisque le pied s’étale ou gonfle au fil de la journée et quand il fait chaud. Les chaussettes doivent être en coton et sans couture. Penser à glisser la main dans les chaussures pour vérifier l’absence d’objets blessants et éviter de marcher pieds nus.

Les pieds qui transpirent peuvent être traités à l’aide d’une poudre pour pieds qui absorbe l’humidité. Ne jamais laisser les pieds trempés et les sécher impérativement entre les orteils à l’aide d’un linge de toilette, plus particulièrement chez les diabétiques accomplissant les ablutions. Il faut penser à garder la peau douce et souple au moyen d’une crème hydratante. Le fait de couper les ongles soigneusement fait partie du soin des pieds, car cela permet d’éviter les ongles incarnés qui pourraient s’infecter.

Couper les ongles bien droits et pas trop courts avec des ciseaux à bouts ronds de façon à ce que l’ongle arrive au bout de l’orteil. L’examen des pieds par le patient doit être quotidien avec un bon éclairage et un miroir pour voir le pied dans sa totalité.

La neuropathie diabétique, une complication sournoise

Après de nombreuses années de vie avec le diabète, certaines personnes sont susceptibles de développer une atteinte de leurs nerfs, c’est la neuropathie diabétique. Cette maladie touche les nerfs périphériques, ceux qui desservent les muscles, la peau et les organes internes.

Le premier signe indiquant que les nerfs sont affectés est souvent une zone d’engourdissement ou de fourmillement dans les orteils ou les pieds. Certaines personnes ressentent une douleur, tandis que d’autres ne sont pas sensibles à la douleur ou à la chaleur et au froid. Si vous êtes diabétique de longue date, vous pourrez aussi constater une faiblesse musculaire.

Une détérioration étendue des nerfs peut affecter le système intestinal et provoquer une diarrhée. La détérioration des nerfs pelviens peut entraîner un mauvais fonctionnement de la vessie et les hommes peuvent avoir des difficultés à avoir une érection.

Quel est l’impact du diabète sur la sexualité ?

Une bonne maîtrise de la glycémie peut aider à prévenir certaines complications du diabète qui pourraient gêner la fonction sexuelle.

En effet, le diabète peut endommager les nerfs qui jouent un rôle dans la performance sexuelle. Les hommes sont plus souvent concernés que les femmes. Si la neuropathie diabétique affecte les nerfs qui alimentent les vaisseaux sanguins du pénis, des troubles de l’érection, voire une érection impossible, peuvent apparaître. Il faut savoir que des traitements de ces troubles sont aujourd’hui disponibles d’où la nécessité d’en parler « ouvertement » avec votre médecin.

Les femmes rencontrent moins de problèmes sexuels liés aux complications à long terme du diabète. Une baisse de la libido et une sécheresse vaginale peuvent toutefois être constatées plus fréquemment que chez les femmes non diabétiques.

Une femme diabétique peut-elle avoir une grossesse normale ?

La plupart des femmes diabétiques peuvent avoir une grossesse normale. Cependant, un taux de sucre trop élevé au moment de la conception peut constituer un risque de malformation pour le fœtus. Aussi, la grossesse doit-elle être planifiée et surveillée. En outre, une glycémie trop importante peut provoquer un développement du fœtus plus rapide que la normale, accroissant les risques à l’accouchement et provoquant l’accouchement d’un bébé à gros poids de naissance (supérieur à 4 kilogrammes).

Un traitement par les anti-diabétiques oraux, qui font courir des risques de malformation au fœtus, doit impérativement être arrêté pendant la grossesse et éventuellement remplacé par une insulinothérapie transitoire.

Spécificités du diabète sucré chez la personne âgée

Les diabétiques âgés se plaignent volontiers de pertes subjectives de mémoire et d’une dépression, mais il n’existe pas de risque accru de démence. La perte de l’appétit, la perte de poids ou la fatigue sont plus facilement attribuées à l’âge plutôt qu’au diabète.

Il faut signaler aussi que les signes d’hypoglycémie font souvent défaut chez le diabétique âgé. Les états confusionnels, les chutes et les troubles vasculaires cérébraux prédominent. L’indication d’un traitement hypoglycémiant chez la personne âgée diabétique souffrant de plusieurs maladies doit donc être posée de façon très réfléchie.

Peut-on jeûner pendant le Ramadan quand on est diabétique ?

Un jeûne prolongé et des repas plus lourds peuvent prédisposer un patient diabétique aux risques d’hypoglycémie, au déséquilibre glycémique allant jusqu’à l’acidocétose ou à la révélation d’une anomalie hépatique, rénale ou cardio-vasculaire.

Le jeûne est formellement contre-indiqué en cas de diabète instable, en cas de diabète de type 1 chez un sujet jeune surtout s’il est maigre, en cas de diabète de type 2 nécessitant un traitement par insuline, en cas de diabète pendant la grossesse et dans toute autre situation de fragilité.

Si un patient diabétique est autorisé à jeûner, il peut être nécessaire de modifier le régime, l’exercice physique, les anti-diabétiques oraux ou l’insulinothérapie. Rappelant toutefois que tout musulman est exempté de l’obligation du jeûne en cas de maladie comme le diabète et au cours d’un voyage.

Diététique et activité physique, un vrai remède miracle !

Le rôle de l’alimentation sur la santé est connu depuis des lustres. En 400 avant J.C, Hippocrate écrivait déjà que « l’alimentation est notre première médecine ». Pour le diabétique de type 1, le régime doit être équilibré et aussi proche que possible de l’homme normal. Il doit comporter une quantité normale de protéines et de graisses et une quantité limitée de glucides (sucres et farineux).

Ce régime se distingue aussi par une répartition de la ration alimentaire en 3 repas et 1 à 3 collations, adaptée à la prescription d’insuline et au rythme de vie du patient. Une bonne connaissance des équivalences glucidiques permettra au patient de jongler facilement avec sa ration et de diversifier ses menus. En effet, tous les aliments contenant des glucides augmentent la glycémie mais de façon différente. C’est ce qu’on appelle l’index glycémique (schéma). Pour le diabétique de type 2, le régime alimentaire doit toujours être mis en place en première approche et devra s’atteler à faire retrouver au patient un poids « idéal » avec un régime hypoénergétique. La répartition glucidique doit être surveillée et très souvent, 3 repas d’apports glucidiques équivalents sont réalisés. Le patient doit être par ailleurs averti qu’il ne doit jamais sauter aucun repas au risque de déséquilibrer son diabète.

Les objectifs de la diététique sont donc d’une part d’éviter les pics hyperglycémiques surtout après les repas et la nuit, et de réduire le surpoids notamment chez les diabétiques de type 2 d’autre part.  

L’index glycémique des aliments (d’après Brand Miller)

La pratique d’une activité physique régulière doit trouver toute sa place au sein du projet thérapeutique en rappelant l’obligation d’un supplément glucidique pendant et après l’effort afin d’éviter d’éventuelles hypoglycémies. L’exercice physique doit être effectué au moins 3 à 4 fois par semaine, et pour avoir un effet optimum, il faut conseiller 1 heure de marche par jour.

Toutefois, il faut mettre en garde contre le risque d’hypoglycémie différée, surtout en cas d’effort prolongé, intense ou inhabituel, et prévenir le sujet de la possible nécessité de réduire la dose d’insuline au coucher et le jour suivant. Attention à l’alcool qui peut exacerber l’hypoglycémie après l’exercice physique.

Comment surveiller son diabète ?

Une consultation tous les 3 mois au cabinet du généraliste est fortement recommandée. Elle comportera un examen clinique complet explorant les pieds avec beaucoup d’attention. Il faut aussi vérifier le poids, mesurer l’indice de masse corporelle (IMC) et la tension artérielle, apprécier le contrôle glycémique des 3 derniers mois par le dosage de l’hémoglobine glyquée (HbA1c) et enfin juger le degré d’observance du traitement, de l’auto-surveillance de la glycémie capillaire à domicile et des mesures hygiéno-diététiques.

Un bilan annuel est également obligatoire chez tout diabétique comportant outre l’examen clinique approfondi décrit précédemment, un examen ophtalmologique (fond d’œil, angiographie si besoin), une exploration de la fonction rénale (clairance de la créatinine, microprotéinurie et recherche d’une infection urinaire), un examen cardio-vasculaire (ECG systématique, Doppler, pouls périphériques, épreuve d’effort), un lipidogramme (dosage du cholestérol et des triglycérides) et enfin la recherche d’une atteinte sensitivo-motrice et le redoutable mal perforant plantaire (pied diabétique).

Un traitement à vie

L’objectif général du traitement est d’assurer le meilleur état de santé et permettre une longévité normale sans altération importante de la qualité de vie, c’est-à-dire rester en bonne santé autant que possible et aussi longtemps que possible. Les objectifs plus spécifiques consistent à éviter les symptômes dus à l’hypo ou à l’hyperglycémie et empêcher ou même retarder le développement des complications à long terme.

Les patients diabétiques de type 2 ayant un taux d’HbA1c supérieur à 6% sont d’abord traités par mesures hygiéno-diététiques. Celles-ci doivent être poursuivies à toutes les étapes. Le recours aux antidiabétiques oraux (ADO) a lieu lorsque les mesures hygiéno-diététiques ne suffisent plus à contrôler la glycémie : HbA1c supérieure à 6% malgré 6 mois de mesures hygiéno-diététiques. Il existe beaucoup de médicaments différents qui peuvent être utilisés dans le traitement du diabète de type 2. L’élément qu’ils ont en commun est qu’ils compensent d’une façon ou d’une autre l’incapacité de l’organisme à fabriquer et à utiliser de l’insuline en quantité suffisante. Certains stimulent le pancréas pour qu’il fabrique davantage d’insuline comme les glinides (Novonorm®) ou les sulfamides hypoglycémiants (Amarel®, Daonil®, Diamicron®, Glicazide®). Ces derniers sont d’ailleurs parmi les plus utilisés en pratique courante. D’autres médicaments réduisent la quantité de glucose produite par le foie. Cette classe thérapeutique d’une grande importance est représentée par les biguanides dont la «bonne vielle » mais non moins indispensable metformine (Glucophage®, Stagid®) surtout chez les patients obèses. D’autres médicaments, les thiazolidinediones (Actos®, Avandia®) de découverte plus récente, augmentent la sensibilité de l’organisme à l’insuline. Enfin, citons encore les inhibiteurs des alphaglucosidases intestinales (Diastabol®, Glucor®) qui ralentissent l’absorption du glucose par l’intestin.

Le traitement à base d’insuline ou « insulinothérapie » est indiqué dans le diabète de type 1 et dans le diabète de type 2 en cas d’échec du traitement antidiabétique oral (ADO). L’insulinothérapie s’avère également nécessaire de façon transitoire au cours de certaines situations : grossesse, infection, traumatisme, chirurgie, traitement à base de cortisone ou tout autre situation déséquilibrant le diabète ; on parlera alors d’insulinonécessitance. En outre, certaines personnes sont inquiètes quand le médecin leur suggère de commencer un traitement à l’insuline.

Il est normal de ressentir une certaine appréhension, et même d’avoir peur, quand de grands changements sont apportés à notre mode de vie. Essayez de considérer cette nouvelle stratégie de traitement comme étant un changement positif, un changement qui peut diminuer le risque de complications liées au diabète. Le traitement insulinique doit être considéré comme tout autre traitement faisant partie de notre arsenal thérapeutique.

Les différents types d’insuline

Il existe actuellement 3 principales catégories d’insulines en fonction de leur durée d’action : les insulines à action rapide (Actrapid®, Insuman Rapid®, Umuline Rapide®), à action intermédiaire (Insulatard®, Umuline NPH®, Insuman Basal®) et les insulines à action prolongée (Ultratard®, Monotard®). Les insulines dont la structure est identique à l’insuline fabriquée par le pancréas (ou insulines humaines) tendent pratiquement à disparaître au profit des analogues. Ce sont des molécules d’insuline modifiées dans leur structure chimique pour obtenir un effet différent de l’insuline « native ».

Les analogues de l’insuline offrent un contrôle plus physiologique de la glycémie, ils diminuent les risques d’hypoglycémies les plus sévères, le mode d’utilisation est grandement simplifié pour les patients. On en distingue 2 classes. D’abord, les analogues rapides (Humalog® contenant de l’insuline Lispro, NovoRapid® contenant de l’insuline Asparte) ayant une action plus rapide (moins de dix minutes) et  plus courte (trois-quatre heures) que l’insuline humaine non modifiée, avec une intensité d’action aussi forte, maximale au bout de soixante minutes. L’injection peut être faite immédiatement avant le repas et il y a moins d’hypoglycémies, surtout en fin de matinée et en milieu de nuit. Ensuite, nous avons les analogues d’action prolongée comme la Lantus® (contenant de l’insuline Glargine), qui ont une action retardée, soit d’environ 15 heures, soit de 24h pour les plus longues. Elles semblent être un moyen efficace pour rétablir des concentrations basales d’insuline constantes.

Comment administrer l’insuline ?

On peut trouver aujourd’hui l’insuline dans plusieurs systèmes d’injection : les seringues, les stylos à insuline et enfin les pompes à insuline. L’acceptabilité du traitement par injections est devenue bien meilleure depuis l’avènement des stylos à insuline. Ces systèmes d’injection sont légers et il n’est plus nécessaire de préparer l’injection d’insuline qui devient ainsi plus simple et plus discrète.

La possibilité d’utiliser des insulines pré mélangées permet aux patients âgés, en particulier ceux qui ont une vue faible ou une réduction de mobilité, de gérer leur propre diabète. Enfin, ces stylos injecteurs d’insuline améliorent grandement l’observance chez l’enfant et l’adolescent. Il existe 2 catégories de stylos : les stylos à insulines préremplis jetables et les stylos à insuline durables à cartouches (NovoPen® 3, NovoLet®, FlexPen®, InnoLet® …etc.).

Les sites d’injection de l’insuline

L’insuline est absorbée plus rapidement si elle est injectée dans le tissu sous-cutané de l’abdomen. C’est pourquoi il est recommandé d’y injecter l’insuline à action rapide. L’insuline injectée dans la cuisse est absorbée plus lentement que dans l’abdomen, c’est donc un site de choix pour les insulines à actions intermédiaire et prolongée. Un changement des lieux d’injection permet d’éviter les épaississements de la peau.

Stockage de l’insuline

Avant ouverture, il faut conserver l’insuline au réfrigérateur à une température maintenue entre +2°C et +8°C, à distance du compartiment congélateur et à l’abri de la lumière. Il ne faut pas congeler l’insuline. En cas de dépassement de cette température, les produits doivent être jetés. Après ouverture, il ne faut pas mettre l’insuline au réfrigérateur mais la conserver à température ambiante à l’abri de la chaleur excessive et de la lumière, et dans l’emballage extérieur (flacon, cartouche) ou dans le stylo avec le capuchon. Le délai exact de conservation du produit après ouverture est indiqué dans la notice du médicament. Le produit ne doit jamais être utilisée au-delà de la date de péremption.

Le diabète n’est pas une fatalité, pour peu que les possibilités de soins, de prévention et d’éducation soient accessibles aux populations défavorisées et vulnérables

Une action conjuguée de facteurs génétiques, sociaux et environnementaux est l’élément moteur de la progression épidémique du diabète. Dans les pays à revenu faible et moyen, le développement économique peut conduire à des changements du milieu de vie qui entraînent à leur tour des changements de régimes et d’activités physiques. En conséquence, des personnes peuvent contracter le diabète en dépit d’une prise de poids relativement faible. Dans les pays développés, le diabète sévit surtout au sein des communautés les plus pauvres. De toute façon, le diabète, plus particulièrement le diabète de type 2 prospère partout où la pauvreté et le manque d’hygiène poussent les familles à consommer des aliments et des boissons économiques et riches en calories.

Dr Karim Hamadachi, spécialisé en gériatrie.

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