On retrouve, pèle mêle, femmes, enfants, vieux, et même de jeunes adolescents, toutes et tous abandonnés à leur triste sort.
Comme toute mégapole du monde, Alger, la capitale économique du pays ne déroge pas à la règle d’une cité où presque tout le monde passe inaperçu aux yeux des riverains. Ce qui encourage toute sorte de comportements invraisemblables qu’on n’oserait pas franchir si l’on se retrouvait ailleurs qu’ici, d’où la formule consacrée : « on rase les murs ». Murs comme trottoirs sont, en effet, quotidiennement squattés par ceux qu’on désigne communément par les initiales SDF ou si vous préférez les sans domicile fixe.
Si, le soir venu, vous les retrouvez couchés sur un amas de cartons et autres couvertures de fortunes tout le long de l’artère principale reliant Bab-El-Oued à Belouizdad. Le lendemain d’après, vous ne seriez sans doute pas surpris de les voir vous tendre la main dans l’espoir de glaner quelques sous de votre part. C’est un phénomène qui a pris de l’ampleur ces derniers temps et ceci s’explique par la précarité qui frappe de plein fouet bon nombre de nos concitoyens. « La pauvreté est allée en s’accroissant qu’on ne peut plus la cacher. Elle touche malheureusement un grand nombre d’Algériens » confie Rachid, ingénieur en statistique. On retrouve, pèle mêle, femmes, enfants, vieux, et même de jeunes adolescents, toutes et tous abandonnés à leur triste sort.
Toute une catégorie sociale où « chaque cas est un cas » car « si on avance le fait que certaines femmes sont rejetées par leur familles d’origine » d’autres, en revanche, « n’ont pas de famille » tout court. L’État a les moyens de les prendre en charge aux dires de Rachid qui déplore l’absence de structures d’accueil : « Périodiquement, on les ramasse pour les cacher à l’occasion de séminaires internationaux, l’État doit, au contraire, leur offrir un gîte et de la nourriture ». A l’opposé, le phénomène indissociable de celui-ci de par leur similitude demeure, sans conteste, la mendicité qui, elle aussi, a pris de l’ampleur au point où les âmes sensibles ne savent plus à quel saint se vouer pour se décider à aider untel ou untel. On ne sait plus qui est qui, la mendicité est leur passe temps favori. Il s’agit, ici, d’une catégorie sociale aisée mais qui ose franchir le Rubican.
« C’est vrai, on constate de plus en plus de gens qui n’ont pas besoin de faire ce « métier » (sic), ils le font quand même ! Mais ce n’est pas propre à l ‘Algérien puisque on le retrouve ailleurs dans le monde de manière discrète, il est vrai !». Et de poursuivre : « C’est généralement des gens qui débarquent des banlieues dans des 4 X 4 et en famille pour se remplir plein les poches ». L’État est interpellé pour débusquer ces faux nécessiteux qui polluent de plus en plus l’atmosphère déjà assez morose comme cela. « Alger est une grande poubelle et a dépassé New York et les capitales sud-africaines en la matière, je pense » dira, de son coté Si Ahmed accosté à Didouche. Selon lui, ces phénomènes s’expliquent par la perte des valeurs comme le sens de l’humanité et de la générosité du cœur. « La modernité nous a fait perdre notre naturel » conclut-il.
Rabah DOUIK