Après le kilomètre d’autoroute le plus cher au monde, l’Algérie va-t-elle se distinguer prochainement par le mètre carré du logement bâti le plus onéreux ?
Cette question mérite d’être posée au regard des chiffres avancés par le ministère de l’Habitat ces derniers temps concernant le coût de réalisation des programmes de logements de type location–vente, de l’AADL ou LPP lancés par le gouvernement. Il y a trois jours, le CPA (Crédit populaire d’Algérie) et l’Entreprise nationale de promotion immobilière (ENPI) ont signé une convention pour le financement de la réalisation de 150 000 logements de type LPP.
Le CPA s’exprimait au nom de toutes les banques publiques. C’est lui le coordinateur, sur le plan financier, de l’opération. Quelques jours auparavant, une convention similaire a été signée ayant comme objectif la construction de 100 000 logements de type location–vente de l’AADL. Selon le PDG du CPA, près de 1 200 milliards de dinars (15 milliards de dollars) seront engagés par les banques publiques pour l’ensemble de ces logements. Toutefois, les chiffres avancés ont commencé déjà à provoquer quelques grincements de dents. Le président du Collège national des experts architectes, Abdelhamid Boudaoud, a estimé, mardi que « le montant financier » de
Abdelhamid Boudaoud, a estimé que «le montant est exagéré». Selon lui, le prix de revient d’un logement ne pourrait dépasser les 4 millions de dinars. Mais le plus grand problème, ajoute-t-il, c’est la faisabilité d’un tel projet. Boudaoud rappelle, à cet effet, que les problèmes des logements AADL de 2001 ne sont encore réglés en 2013. Pour lui, réaliser 300 000 logements en deux ans relève de l’utopie. Il est clair, en dernier lieu, qu’à défaut de gérer tous ces projets dans une totale transparence, à chaque fois que les autorités engagent des chantiers à coûts très élevés, des suspicions naissent au sein de la société, mais aussi des spécialistes. C’est ce qui s’est passé notamment avec le chantier de l’autoroute Est – Ouest. L’enquête déclenchée concernant des délits de corruption n’a pas encore révélée les secrets de l’affaire. Il est fort à parier que ces nouveaux projets de construction de logements vont provoquer également la même polémique. Et ça commence par le prix de revient d’un appartement.
Elyas Nour