Le wali d’Alger, Abdelkader Zoukh, a exécuté ses menaces. Les mal-logés nécessiteux qui ne disposent pas d’une carte de vote ne pourront nullement bénéficier de la prochaine opération de relogement qui sera lancée par la wilaya d’Alger. Ce n’était donc guère une blague de la part d’Abdelkader Zoukh. Le Wali a réellement ordonné, selon plusieurs sources concordantes, d’inclure la carte de vote dans le dossier administratif exigé par les cellules de relogement des daïras chargées de ficeler et d’assainir les listes des bénéficiaires de ces futurs logements sociaux.
Vous n’avez pas de carte de vote ? Vous ne serez donc pas relogés. Tel semble être le mot d’ordre donné cette année par le wali d’Alger pour punir ceux et celles qui n’ont pas accompli leur devoir électoral. Jusque-là une simple rumeur ou plaisanterie censée effrayer les électeurs, cette information a été annoncée publiquement dimanche par le quotidien arabophone El Khabar lequel jure avoir recoupé toutes les sources pour confirmer cette information délicate. Ainsi, en plus des fiches familiales, l’acte de Naissance Spécial 12S, photocopies légalisées de la carte d’identité nationale, des certificats de scolarité des enfants et autres documents administratifs, le bénéficiaire de cette opération de relogement devra aussi présenter sa carte de vote, assure cette même source.
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Pour vérifier cette information, nous avons tenté de joindre au téléphone plusieurs administrations de la wilaya d’Alger. A la cellule de communication, la responsable de ce service a paniqué dés que nous avons posé notre question. « Ah non ! Je ne peux pas vous répondre. Ce dossier dépasse mes prérogatives. » « Mais vous êtes la responsable de la cellule de communication, avez au moins une idée sur l’exigence d’une carte de vote pour bénéficier du relogement ? », sommes-nous revenus à la charge. « Je vous dis que je n’ai aucune information à vous communiquer. Allez voir avec le chef de cabinet du Wali. C’est lui qui peut commenter cette information ». Au cabinet du Wali, nous avons eu également une fin de non-recevoir ! « Nous n’avons aucune information à ce sujet. Nous avons entendu parler de cette nouvelle mesure dans la presse. Mais on ne peut ni confirmer ni infirmer. Allez voir la cellule de relogement », nous indique une fonctionnaire du cabinet du Wali. La même attitude hostile nous a été observée à la cellule de relogement de la wilaya qui gère pourtant ce dossier sensible. « Aucune idée. Je ne peux rien vous dire. Vous devez voir avec les daïras », rétorque encore une responsable de cette cellule.
Fuite en avant, mauvaise communication, manque de transparence ? Difficile de décrypter l’attitude de ces responsables de la wilaya d’Alger. Quoiqu’il en soit, aucun d’entre-eux n’a démenti cette information qui commence à semer la panique parmi les occupants des bidonvilles, les résidents dans des logements menaçant ruine (IMR) ou les habitants des caves et des terrasses, les premières catégories de la population concernée par cette future opération de relogement. Décidément, Abdelkader Zoukh n’a vraiment pas blagué le jour où il avait lancé son avertissement : « ceux et celles qui ne votent pas n’auront pas de logement » !