Le courant salafiste algérien mène, ces derniers temps, une offensive médiatique de grande ampleur, s’attaquant à tout ce qui leur semble contraire à leurs principes. Les idéologues de ce courant islamiste radical se permettent même de mettre en garde l’État algérien.
Le responsable du parti non agrée Djabhat e-ssahwa el horra el islamiya essalafiya (le Front de la Sahwa libre), Abdelfettah Hamadache, s’est imposé auprès des médias algériens comme le porte-parole de ce courant radical. Celui-ci ne rate pas une occasion de stigmatiser des œuvres artistiques, pointer du doigt une région du pays ou une catégorie de citoyens qui ne vit pas selon les us et coutumes salafistes.
Le leader salafiste utilise pour cela des canaux de communication et organes de presse réputés proches d’une certaine vision de l’Islam. Dans les colonnes de ces médias, comme Echorouk et Ennahar, Abdelfettah Hamadache, le partisan du retour à la police des mœurs, s’arroge même le statut du gardien de la morale.
La dernière trouvaille de Cheikh Hamadache, c’est l’appel au boycott de l’émission « Star Academy ». Le télé-crochet, qui permet l’émergence de jeunes talents arabes, est considéré par le responsable du parti salafiste comme une incitation à la débauche, aux vices, et à la prostitution. Il considère que la diffusion de cette émission par les chaines algériennes est une invitation au dévergondage. Autre cible de cheikh Hamadache, le dernier film du talentueux acteur et réalisateur algérien Lyes Salem, « L’Oranais ». La « Djabha » de cheikh Hamadache considère que la projection de ce film en Algérie est une « humiliation » faite au peuple algérien, sous prétexte que celui-ci contient des insultes. C’est visiblement tout ce qu’à retenu cheikh Hamadache de cette magnifique œuvre cinématographique. Celui-ci s’insurge également, « avec force », contre le fait qu’une délégation ministérielle aie assisté à la projection de ce film à Alger, et leur fait porter « l’entière responsabilité » de ne l’avoir pas censurée. Un discours extrémiste qui rappelle étrangement celui tenu au début des années 90 par certains idéologues de l’ex-FIS, discours qui a conduit le pays vers un chaos dont les séquelles restent encore vivaces.
Le cheikh Hamadache ne se limite pas à la sauvegarde de la morale, mais s’intéresse aussi à ce que mangent les Algériens. Celui-ci affirme, que la viande de porc se vend de manière illégale, dans six wilayas du pays. Il affirme dans un communiqué, sans preuve aucune, que des restaurants et des magasins proposent à leur clientèle de la viande de porc dans les wilayas d’Alger, Blida, Annaba, Bejaïa, Bouira, Tizi Ouzou et autres. Le porte-parole du courant salafiste clandestin demande, dans le même communiqué, au ministère du Commerce et aux responsables de la DGSN d’arrêter et de punir tous ceux qui s’adonnent à ce commerce « illicite », au même titre que ceux qui consomment cette viande, pour mettre fin « à ce grand péché avec force et fermeté ».
Arezki IBERSIENE