Algérie : Les postiers en lutte pour leur liberté syndicale

Redaction

Le syndicat national autonome des postiers (SNAP) a décidé d’organiser, mardi 16 septembre à 10h, un rassemblement de protestation devant le ministère du Travail, de l’emploi et de la sécurité sociale à Alger pour dénoncer les « entraves à l’exercice des libertés syndicales » et les licenciements abusifs et arbitraires des leaders syndicaux.

A travers cette action, le SNAP veut manifester son « indignation face aux entraves à l’exercice des libertés syndicales » auxquelles il fait face, lit-on dans l’appel au sit-in, rendu public le 2 septembre dernier.

Ce syndicat, qui dénonce des « pratiques abusives de l’administration », cite en exemple le « refus  du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, de (lui) délivrer le récépissé d’enregistrement de son dossier de constitution,  deux ans après l’avoir déposé ». « Cela constitue une violation flagrante de la constitution, des lois nationales et des conventions internationales ratifiées par l’Algérie », s’indigne-t-il. Et de condamner « énergiquement », « les abus et les actes d’intimidation et de harcèlement que les syndicalistes autonomes subissent régulièrement en raison de leur activisme pour la défense des libertés syndicales ». Lesquelles intimidations se traduisent par « la suspension et le licenciement de syndicalistes ».

Pas moins de trois postiers ont en effet été licenciés « en représailles à leur activisme syndicale », a-t-on appris du chargé de la communication du SNAP, Tarek Ammar Khodja. Premier à avoir été touché par cette cascade de licenciements « arbitraires », notre interlocuteur a été suspendu « temporairement » le 9 juillet dernier avant d’être licencié quelques semaines plus tard.

Licenciements « arbitraires »

Dans la décision de suspension, n°39 /2014, signée par le directeur de l’unité postale de la wilaya Alger-Est, dont nous détenons une copie, l’employeur accuse le syndicaliste de « manœuvre et tentative de compromission, d’intimidation, de diffamation ou de provocation », d' »entrave à la liberté de travail » et d' »atteinte aux intérêts moraux et matériels de l’établissement ». On lui reproche également une « incitation répétée au désordre sur les lieux de travail en vue de perturber le bon fonctionnement de l’établissement et pour les motifs incompatibles avec l’exercice des droits syndicaux légalement reconnus ».  M. Ammar Khodja  réfute catégoriquement ces accusations et se dit convaincu que « ce sont juste des prétextes qui cachent mal une campagne d’intimidations et de représailles qui s’abat sur les syndicalistes, destinée à dissuader les travailleurs d’Algérie Poste d’exercer  leur droit syndical ».

Il en veut pour preuve, le licenciement au mois d’août dernier, par le même procédé, de son camarade et président du SNAP, Mourad Nekkache. « Un troisième postier qui exerçait dans un bureau de poste à Naciria (wilaya de Boumerdès) a également été licencié récemment,  après avoir participé sit-in organisé, le 21 août dernier à Boumerdès (est d’Alger), en soutien au président du syndicat à l’occasion de la tenue de la  réunion   de la commission disciplinaire ayant statué sur le cas de M. Nekkache», déplore le porte-parole du SNAP.

Tout en réaffirmant « le droit inaliénable des postiers à constituer une organisation syndicale qui puisse défendre réellement leurs intérêts », le SNAP lance un appel en direction de toutes les organisations syndicales et de défense des droits de l’Homme à le soutenir en participant  à cette manifestation pour exiger  « la levée de toutes les entraves à l’exercice des libertés syndicales et la réintégration des syndicalistes suspendus ou  licenciés ».

Les postiers concluent leur appel en se disant « déterminés, plus que jamais, à faire aboutir notre démarche et bâtir un syndicat fort, démocratique, représentatif et foncièrement revendicatif ».

Yacine Omar

Quitter la version mobile