L’Association algérienne de lutte contre la corruption interpelle le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, sur la protection des lanceurs d’alerte.
On les appelle les « whistleblowers » ou « lanceurs d’alerte. » Leur rôle ? Signaler un danger ou un risque, en interpelant les pouvoirs en place et en suscitant la prise de conscience. A ce titre, ceux qui dénoncent les malversations et la corruption en Algérie entrent dans cette catégorie.
Qui dit « lanceurs d’alerte » dit « protection. » Car on ne dénonce pas des comportements répréhensibles sans risquer d’être la cible de vengeance. Raison pour laquelle l’Association algérienne de lutte contre la corruption (AACC) interpelle le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, sur la nécessité de revoir le cadre juridique. Son porte-parole, Djilali Hadjadj, met l’accent sur les sanctions prises contre des fonctionnaires et des agents ayant dénoncé les malversations qu’ils ont eux-mêmes constatées.
Dans son courrier, consulté par El Watan, l’AACC cite l’exemple d’un agent de la Protection civile qui a été sanctionné pour avoir dénoncé « des pratiques illégales au sein de la mutuelle de la protection civile. » Une structure gère une manne financière appartenant aux travailleurs. L’agent en question a reçu une décision de mutation de Constantine vers Tindouf.
Pire : l’honnête homme avait d’abord saisi la direction générale de la Protection civile et le ministère du Travail. Face à l’absence de réaction de sa hiérarchie et de la tutelle, l’agent n’a eu d’autre choix que celui de transmettre le dossier à la justice. L’accumulation des loupés fait dire à l’AAC que la mutation vers Tindouf ne constitue rien d’autre qu’une mesure de représailles. L’AACC affirme également que le « lanceur d’alerte » fait aujourd’hui l’objet de menaces anonymes, notamment au téléphone. Djilali Hadjadj s’interroge ainsi :
Est-ce-que la récompense de la dénonciation de la corruption dans notre pays est le désert ? Au lieu de punir les corrompus, ce sont des gens fidèles parmi les enfants de la nation qui continue de payer le prix de leur honnêteté en subissant des suspensions arbitraires, des poursuites judiciaires et autres sanctions.
L’AACC demande désormais à Abdelmalek Sellal d’intervenir en personne pour annuler la sanction infligée à l’agent de la Protection civile. Ce genre de pratiques, explique Djilali Hadjadj, risque de décourager les citoyens honnêtes qui veulent protéger les deniers publics.