La compagnie d’assurances Amana a organisé mardi dernier à Alger un séminaire sur « La prévention des accidents de la vie courante ». Les spécialistes de la santé, des assurances et de la Protection civile qui sont intervenus ont relevé que ces accidents font plus de victimes que les accidents de la route.
« La prévention fait partie intégrante des missions des assureurs. Nous sommes donc des assureurs préventeurs ». C’est ce qu’a déclaré Pierre Olivier Adrey, directeur général de Amana assurances, à l’ouverture du séminaire sur « La prévention des accidents de la vie courante », organisé par sa compagnie ce mardi 16 décembre 2014 à Alger. C’est autour de la prévention, cette « dimension nouvelle que Amana donne à l’assureur » en Algérie, qu’une pléiade de spécialistes et d’acteurs, invités pour l’occasion, ont développé leurs communications et analyses.
Les intervenants algériens et français, actifs dans les domaines de l’assurance, de la santé et de la Protection civile, ont ainsi amorcé un débat sur les accidents de la vie courante (AcVC), un thème peu connu dans notre pays. En quoi consistent donc les AcVC ? D’après les spécialistes qui se sont succédés à la tribune les AcVC sont tous les accidents qui surviennent au domicile, dans les espaces publiques, à l’école, sur les aires de sports ou de loisirs, à l’exception des suicides, des agressions, des accidents de la circulation, du travail et ceux provoqués par des catastrophes naturelles. Autrement-dit, les AcVC incluent les défenestrations, étouffements, noyades, chutes, intoxications, brûlures ou électrocutions, etc.
On apprend ainsi que les AcVC font plus de victimes que les accidents de la circulation. En France, ces incidents font 20 000 morts par ans ces dernières années, selon Mme Linda Lasbeur de l’Institut national de veille sanitaire en France. En Algérie, de 2010 à 2013, pas moins de 500 000 accidents domestiques ont été enregistrés, a indiqué Dr Youcef Laid de l’Institut national de santé publique (INSP). 7% à 8% des cas sont « graves » et « nécessitent une hospitalisation ».
Les chutes représentent plus de 44% du nombre total. « Ces statistiques sont sous-estimées », a-t-il précisé. En 2013, les éléments de la Protection civile ont effectué 159 406 interventions dans des accidents domestiques qui ont engendré la mort de 1752 hommes et 79 femmes, c’est-à-dire 1831 algériens sont décédés suite à ces accidents domestiques. « Ces morts concernent les personnes décédées sur le lieu du drame », a souligné Mr Ahcour de la direction de prévention de la Protection civile. Par wilaya, c’est la capitale qui vient en tête. Cela s’explique, aux yeux de Mr Achour, par « la très forte densité de la population à Alger ». D’après lui, les accidents domestiques les plus fréquents sont les intoxications, notamment chez les enfants, et les chutes, les asphyxies et les brûlures. Les raisons de ces drames sont souvent la non-conformité des matériaux utilisés (pour les chutes), l’absence de système d’aération (asphyxie) et l’usage de la tabouna (brûlures).
336 834 enfants victimes d’accidents domestiques
En France, deux tiers des accidents domestiques touchent les personnes âgées de 75 ans et plus. La cause est souvent la chute, selon Mme Lasbeur. Pour sa part, Nourredine Mameri, directeur de la recherche et du développement à l’Union algérienne des sociétés d’assurances et de réassurances, a indiqué que 336 834 enfants âgés de moins de 16 ans ont été victime d’accidents domestiques l’année dernière. Sébastien Chauve du groupe français MACIF a, quant à lui, mis l’accent sur les incendies domestiques qui provoque la mort de 800 personnes par an en France. Or, selon lui, un détecteur de fumée (DAF) qui ne coûte que 20 euros peut sauver des vies humaines. Son groupe en a distribué 650 000 appareils.
Au cours de leurs interventions, les conférenciers ont tous souligné l’urgence, notamment pour notre pays, de fédérer la vision et de travailler en synergie afin de prévenir les AcVC et en réduire les victimes. En ce sens, les intervenants ont plaidé pour le renforcement de la prévention primaire en matière de logement et d’aménagement urbain, la mise en place d’organismes intersectoriels efficaces ainsi que le développement d’une véritable politique d’éducation sanitaire. L’implication de la société civile à travers les associations a été également recommandée. En la matière, Calyxis, un Pôle d’expertise du risque en France est un bon exemple à suivre. Créé il y a 17 ans par une petite équipe disposant de très peu de moyen, cette association a réussi à gagner le soutien et le financement de l’Etat français, des collectivités publiques et de ses partenaires privés. Sa particularité ? « On occupe tous les maillons de la chaîne de prévention », a soutenu Mme Catherine Sztal-Kutas, directrice de Calyxis.