L’édition 2015 du Bac, qui se termine demain, sera-t-elle la dernière ? Suite à la série de fraudes via les réseaux sociaux et aux erreurs dans la rédaction de certains sujets, les parents d’élèves réclament la suppression de cet examen.
Au quatrième et avant-dernier jour du Bac 2015, l’identification des tricheurs continue. Trois jeunes hommes ont ainsi été interpellés mardi à l’intérieur d’un cybercafé du centre-ville de Tébessa par la brigade de lutte contre la cybercriminalité de la Gendarmerie nationale. Motif de leur arrestation: ils auraient publié des sujets du baccalauréat via les réseaux sociaux.
Une soixantaine d’élèves exclus
Des dizaines de fraudeurs ont été pris la main dans le sac dès le premier jour des épreuves. 61 élèves ont été exclus « pour des raisons différentes » et deux autres personnes, soupçonnées d’avoir diffusé des sujets du Bac 2015 en ligne, ont été identifiées, a indiqué, lundi 8 juin, la ministre de l’Education nationale, Nouria Benghebrit, lors d’un point presse. Ils risquent jusqu’à 10 ans d’exclusion. Une sanction trop clémente juge le Conseil national du personnel enseignant du secteur ternaire de l’Education (Cnapest). « Il faut se montrer plus sévère pour être plus dissuasif. Mais le ministère doit également adopter une approche pédagogique. L’idéal serait d’expliquer dès l’école primaire les méfaits de la triche », préconise Larbi Nouar, président du Cnapest.
Avec le développement de la 3G à travers le territoire national, la fraude durant les épreuves du baccalauréat a changé de visage. Les méthodes artisanales ont laissé place à des pratiques plus sophistiquées consistant à partager des informations sur les sujets via les réseaux sociaux, notamment Facebook. Une triche, par essence, plus massive et donc plus pernicieuse.
Fouille corporelle
En théorie, les candidats au Bac ne sont pas censés pouvoir se connecter puisqu’il leur est demandé de déposer leur téléphones portables avant d’entrer dans la salle d’examen. « Certains ont plusieurs téléphones sur eux », suppose Khaled Ahmed, président de l’association des parents d’élèves algériens. Pour cette organisation, les surveillants ne peuvent donc plus faire l’impasse sur une fouille corporelle systématique des élèves. Malgré les cas de fraudes avérés, le ministère de l’Education nationale y a déjà mis son veto, expliquant que cette solution ne peut être mise en pratique, en raison du trop grand nombre d’élèves par centre d’examen.
Dans l’urgence, le département piloté par Nouria Benghebrit a demandé, mardi, aux chefs des centres d’examen de couper le réseau internet comme « mesure préventive », afin d’éviter de nouveaux incidents. Par ailleurs, une commission chargée de prendre des mesures pérennes contre la fraude électronique a été installée au niveau du ministère. Ces mesures devraient être appliquées à partir de l’année prochaine. « Cela montre que le ministère de l’Education n’était pas vraiment prêt à lutter contre la fraude. Nous avons pourtant une expérience en la matière. Durant les compositions trimestrielles, tout au long de l’année, il y a eu des cas de triche et l’an passé déjà, certains candidats au Bac avaient essayé d’utiliser la 3G pour frauder », déplore le président de l’Association des parents d’élèves algériens.
Suppression du Bac
Déjà bien entamée, la crédibilité de l’examen a été mise à rude épreuve cette année. À tel point que certains, au sein de l’Education nationale, pensent que le baccalauréat n’a plus de raison d’exister. C’est le cas notamment des parents d’élèves qui réclament la suppression, pure et simple, des épreuves. « On milite pour la fin des examens intermédiaires, en 6è année, le BEM et le Bac. À la place, le passage au niveau supérieur doit être décidé par le conseil des professeurs sur la base du contrôle continu. Pour l’entrée à l’université, on propose un examen portant seulement sur la filière. On éviterait tout le stress qu’engendre ces tests auprès des élèves et la fraude massive », explique Khaled Ahmed.
Cette proposition reste toutefois minoritaire au sein de l’Education nationale. Malgré l’ampleur de la triche, le baccalauréat garde ses adeptes. « La suppression du Bac n’est pas une solution. D’abord, ceux qui trichent ne sont qu’une poignée comparé aux 800 000 candidats. Et on ne réglerait pas le problème, on ne ferait que le transférer. Il faut trouver une solution, pas seulement contre la triche durant le Bac, mais à la fraude tout au long de l’année scolaire », conclut le président du Cnapest.