Peut-on oui ou non fêter le Nouvel An quand on est musulman ? La question fait débat dans les rues algéroises.
Il y a quelques années seulement, des jeunes de la capitale fêtaient le Nouvel An avec fracas. Les automobilistes avaient l’habitude de « fermer », durant la nuit de la Saint-Sylvestre, au moment du passage du 31 décembre au 1er janvier, le tunnel des facultés. Par le passé, plusieurs magasins d’Alger ornaient leurs vitrines à cette occasion. Aujourd’hui, l’euphorie est retombée et rien n’indique que l’année tire à sa fin.
La bûche, c’est « haram »
De nos jours, les fêtards du Nouvel An sont de plus en plus discrets. La propagande de certains journaux et chaînes de télévisions privées, réputées proches des thèses des salafistes, qui interdisent la célébration du Nouvel An, a, apparemment, fait son effet. Dans plusieurs communes de la capitale, les bûches au chocolat vendues habituellement à l’occasion de ces fêtes se sont faites rares. A l’Ouest d’Alger, de Rais Hamidou jusqu’à Ain Benian, aucun pâtissier ne les a proposées à la vente cette année. Certains d’eux ont même décidé de fermer boutique ce mardi 31 décembre. « On ne les fait plus », nous a déclaré l’un d’eux à Ain Benian. Selon lui, c’est « haram ».
Ce discours n’est pas seulement développé par les commerçants. Des jeunes se mettent également à rejeter l’allocution : « Bonne année ». Lorsqu’on présente nos meilleurs vœux à ces boycotteurs du Nouvel An, ils répondent que ce n’est pas la fête des musulmans et qu’il ne faut donc pas la célébrer. Dans la rue algéroise, des débats improvisés, assez tendus, se sont fait entendre ces derniers jours. Certains individus, visiblement une minorité, essayent d’expliquer à leurs détracteurs que cette célébration est illicite car il s’agit seulement de fêter le passage à la nouvelle année chrétienne. Mais les rangs des anti-Nouvel An grossissent chaque année et les thèses portées par les salafistes font leur chemin au sein de la société algérienne.
Elyas Nour