Algérie, ce paradis des plantons, zélateurs et comploteurs

Redaction

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C’est un sport national. La flagornerie, la flatterie servile, l’excès de zèle, ces vices et tares sont devenues la norme qui régit les comportements en Algérie. Mieux encore, ces attitudes d’une bassesse incommensurable s’imposent aujourd’hui comme le baromètre des rapports sociaux. Plus tu flagornes tes supérieurs, mieux tu es considéré. La devise est simple à mémoriser.

La compétence, les aptitudes professionnelles, l’élégance, l’honnêteté morale, l’intégrité, la sympathie ou l’intelligence, toutes ces valeurs ont perdu du terrain face à la « kwada » à l’algérienne. Ainsi, un planton devient facilement un directeur général s’il persiste avec brillance à rapporter, colporter et dénoncer ses collègues auprès de sa hiérarchie. Un planton peut-être mieux rémunéré que ces travailleurs honnêtes lesquels se donnent corps et âmes à leurs boulots. Un planton, c’est le poste clé dans une entreprise algérienne ou une institution publique. Rien ne peut être fait si le planton n’est pas présent pour conseiller nos décideurs dont l’incompétence criarde trouve son bonheur dans ce vice ravageur. Suggérer des orientations, rapporter des informations intimes, surveiller les moindres faits et gestes, participer à mettre en place les complots pour zigouiller une personne gênante, être un planton, c’est finalement un métier à part entière.

Un métier qui n’exige aucune compétence requise. Aucun savoir précis. Il ne faut savoir ni lire ni écrire. Il suffit juste d’avoir le déshonneur de porter entre ses main l’intimité des gens jusqu’à ses chefs. Le déshonneur est aussi la marque de fabrique des zélateurs et comploteurs qui peuplent nos rues et nos villes. Ces gens sont là à caresser dans le sens du poil les puissants dans l’espoir de tirer quelques avantages de bas instincts. Ces gens sont là pour monter les échelons en empruntant les marches de la servilité. Ils sont prêts à faire du mal, à nuire, causer du tort et endeuiller femme, homme ou enfant pour contenter uniquement un décideur dans le but de récolter quelques récompenses valorisantes. « Le zèle a tué plus d’hommes que la paresse », disait un proverbe corse qui s’applique parfaitement sur la réalité algérienne. Le zèle ravage tout sur son passage. Les zélateurs récoltent tout. Les promotions, c’est pour eux. Les augmentations de salaires, c’est pour eux aussi. Les privilèges, c’est pour eux. Et pourquoi ? Parce qu’eux, ils ont tout compris. Le système ne supporte aucune résistance. Il ne tolère pas que trois compétences soient réunies dans un seul mètre carré.  C’est trop dangereux pour sa survie. La société algérienne vomit les gentilshommes, les persévérants qui ne rechignent pas à la tâche, les passionnés et les hommes valeureux qui ne transigent pas sur leurs principes. La société algérienne a longtemps cultivé la traîtrise, la tricherie et la complotite.

D’ailleurs, ces traits de caractère on les aperçoit aisément jusqu’au sommet de l’Etat. Des ministres nommés en fonction de leur fidélité à un clan ou à un cercle mafieux, ils sont légion. Des cadres de l’Etat désignés d’après des critères régionalistes, familiaux ou claniques, ils sont toujours nombreux. Des personnalités couronnées selon leur degré de servitude et d’obséquiosité, c’est un mode d’élection en Algérie. Et il n’y a pas que la sphère politique qui soit atteinte de cette maladie. Dans la vie quotidienne, les comploteurs s’invitent dans le moindre recoin de de notre routine. Abattre et écarter son prochain afin de lui voler sa vie et ses acquis pour lesquels il a consenti à tant de sacrifices, voila la mission de ces comploteurs, la nouvelle force de frappe de l’Algérie. Les « Banou Kawad », la plus grande tribu dans notre pays, ne cesse de fournir des éléments au vice et à la rapine.  « Le zèle des amis est parfois plus néfaste que la haine des ennemis », disait un jour le poète allemand Schiller. Et si ce poète avait vécu en Algérie, il aurait parfaitement su que ses propos seront toujours d’une actualité brûlante…