Ce n’est pas un secret. Les Algériens n’ont jamais été vraiment militants. Solidaires, ils le sont. Mais pour cela, il faudrait qu’il y ait une cause qui les mobilise. Or, les handicapés n’ont jamais été une cause dans notre pays. Et pourtant, les deux millions handicapés algériens, ces oubliés de la société algérienne, ne cessent de lancer des cris de détresse. Des cris que personne n’arrive, ou ne cherche, à entendre. Des cris occultés par les futilités qui préoccupent au quotidien nos concitoyens.
Les Algériens ont toujours eu d’autres sujets de conversation. Le prix de la pomme de terre, de l’oignon et de la courgette, le prix de telle ou de telle nouvelle voiture, les combines ingénieuses pour détourner les lois en vigueur, les charmes irrésistibles d’une fille du quartier, etc., mais les handicapés, ça n’a jamais alimenté une discussion entre Algériens normaux et ordinaires. Cette indifférence vire quelque fois au mépris. En effet, beaucoup d’entre-nous ont assisté à une pareille scène : un handicapé monte dans un bus où personne ne prend la peine de se lever pour lui céder la place. Dans les hôpitaux, les universités, écoles et lycées, lieux de travail et diverses institutions publiques, on ne compte plus les discriminations et les brimades auxquelles sont confrontées les victimes de l’handicap en Algérie.
Soyons francs et honnêtes, ces pénibles conditions de vie des handicapés algériens, elles ne sont guère un mythe colporté par des esprits inconstants. Récemment, la Ligue algérienne de la défense des droits de l’homme (LADDH) a dressé un état des lieux déplorable au sujet de la prise en charge des handicapés algériens. Les multiples «discriminations» en matière d’accès à l’emploi, au logement et à la scolarité, martyrisent réellement cette frange fragile de la société. Preuve en est, en 2012, les enfants handicapés algériens sont toujours abandonnés à leur sort dans nos écoles. Certains sont mêmes obligés de commencer leur scolarité à l’âge de 16 ans faute d’établissements spécialisés.
Pis encore, en Algérie, dans la plupart des cas, les enfants handicapés sont sommés de fournir eux-mêmes les équipements nécessaires, comme une table appropriée à leur type de handicap et ceci dans le cas où ils trouvent une école qui accepte de les scolariser ! C’est dire que dans notre pays, on est réellement coupable d’être handicapé. Mais comment faire pour remédier à cette insupportable injustice ? Il faudrait d’abord que la solidarité cesse d’être un vain mot ou une simple posture. En Algérie, la solidarité doit devenir une véritable nécessité…