Non, ce n’est ni une blague ni le titre accrocheur d’un nouveau sketch ou d’une quelconque comédie satirique. C’est tout simplement la réalité amère à laquelle sont confrontées depuis des années les patients en Algérie. A l’évidence, dans notre pays le mot hôpital ne signifie plus guérir, se soigner ou se rétablir de sa maladie. Désormais, hôpital renvoie directement à cette angoisse existentielle que provoque en chaque être humain, la peur de la mort. L’hôpital algérien est devenu ces derniers temps, et ce n’est guère un euphémisme, un immense studio où l’on tourne les films d’horreurs les plus bouleversants. Sauf que dans ce cas de figure, les faits sont malheureusement réels et les scénarios originaux s’inspirent des mésaventures quotidiennes de nos concitoyens.
Des salles opératoires sales, un matériel médical désuet, des lits de malades crasseux, un personnel médical inhospitalier et mal formé, des médicaments introuvables et régulièrement en rupture de stock, des ambulances en panne, des cuisines répugnantes, des masques d’oxygène fabriqués à la hâte par des jeunes médecins pour sauver la vie des patients, etc. Les mots manquent pour décrire toute la cruauté des décors dans lesquels sont plantés nos infrastructures de santé publique. La panoplie des anomalies et des dysfonctionnements relevés par les médecins et les patients au sein des hôpitaux est connue de nos autorités.
Ces dernières ont reconnu à maintes reprises les dangereuses insuffisances de notre système de soins. Dans ces trois derniers rapports, la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’Homme (Cncppdh) a dressé également un tableau noir sur l’état des hôpitaux en Algérie. Des enquêtes menées à travers 85 établissements hospitaliers à travers plusieurs wilayas ont prouvé que l’accès aux soins est devenu très compliqué pour les Algériens. Le droit à la prise en charge sanitaire est ainsi bafoué par des graves carences caractérisant notre système de santé. Des carences qui ne devraient pas exister dans un pays aussi riche que l’Algérie. Déficit en médecins spécialistes et conditions lamentables de travail au niveau des hôpitaux, ces deux problématiques expliquent pour beaucoup l’état calamiteux de nos dispensaires.
Aujourd’hui, l’urgence n’est pas seulement de revoir la gestion de nos hôpitaux. L’urgence est depuis longtemps de créer un nouveau système de santé. Lequel, épaulé et guidé dans son redressement, pourrait enfin nouer, à terme, des relations telles, avec le citoyen, que ce dernier n’aurait, justement, plus rien à en redouter…
Abderrahmane Semmar