Abdelhamid Ben Badis. Ce nom n’évoque désormais plus grand chose aujourd’hui en Algérie. Plusieurs mosquées portent encore le nom de cet éminent savant qui a joué un rôle important dans la conservation de la culture algérienne face au colonialisme abject. Cependant, Ben Badis n’inspire plus le respect, la déférence ou la considération à nos jeunes en 2015.
Preuve en est, jeudi 16 avril, en marge des festivités de l’inauguration de la manifestation Constantine, Capitale de la Culture Arabe, la statue du père du mouvement des Oulémas Musulmans Algériens a été honteusement malmenée par des jeunes adolescents indélicats et irresponsables. Certes, la statue n’a pas été vandalisée. Du moins pas encore. Mais ce risque n’est pas à écarter puisque dès les premières heures de son inauguration, cette statue installée récemment sur la place des Martyrs, en plein centre-ville de Constantine, a été victime d’actes irrévérencieux envers un personnage historique d’envergure universelle.
Sur les réseaux sociaux, ces photos ont suscité une véritable indignation. Elles ont provoqué également tout un débat déchaîné parmi les internautes algériens au sujet de l’inculture supposée de nos jeunes. Les lectures et les avis ont divergé, mais la dénonciation a été unanime. De l’avis commun, Abdelhamid Ibn Badis, figure emblématique du mouvement réformiste musulman en Algérie, dans la première moitié du XXème siècle, mérite davantage de considération. L’homme qui a consacré toute sa vie à la réforme de la pratique religieuse dans son pays se retrouve ridiculisé dans ce même pays 75 ans après sa mort.
Pour de nombreux commentateurs, ce comportement incivique illustre la faillite de l’école algérienne. Une école qui peine définitivement à éduquer nos enfants en leur inculquant le respect de leur propre patrimoine culturel et spirituel. En manque de bienséance et de savoir-vivre, les responsables de ces comportements inciviques ne connaissent finalement presque rien de la vie et de l’oeuvre d’Ibn Badis. Et pour cause, en 2015, ces jeunes sont le produit d’une société qui ne peut plus protéger ses propres valeurs. Une société qui expose ses enfants aux idéologues obscurantistes tels que le salafiste Hamadache ou le prédicateur conservateur Cheikh Chemseddine. Une société où le réformisme d’Ibn Badis n’est plus d’actualité.