A l’école internationale algérienne de Paris, les maîtresses de hauts fonctionnaires sont mieux payées que les professeurs

Redaction

Recrutements opaques, salaires sans grille et conditions de travail lamentables : les enseignants de l’école internationale algérienne de Paris sont en grève depuis trois jours pour dénoncer les conditions de travail.

Dans une lettre adressée le 3 décembre dernier au Premier ministre Abdelmalek Sellal, les enseignants de l’Ecole internationale algérienne relèvent entre autres défaillances « une disparité salariale non étayée par une grille objective des salaires », « l’opacité de notre situation professionnelle due à la reconduction de contrats à durée déterminée pendant de nombreuses années sans l’évolution vers un contrat à durée indéterminé comme le préconisent les réglementations en vigueur » et « la non installation effective du comité d’orientation et de gestion sans aucun planning de réunions à ce jour, alors que l’élection des différents représentants a eu lieu au mois de juin de l’année scolaire précédente ».

Mais il n’y a pas que cela. Les enseignants, qui ont requis l’anonymat, disent qu’ils sont « guidés par la colère et l’indignation face aux agissements de la nouvelle direction qui va à l’encontre de l’intérêt de l’École algérienne tels que l’octroi de gros salaires injustifiés à certains agents de l’administration, des recrutements intempestifs, des emplois fictifs, des emplois de complaisance… ». Parmi ces emplois de complaisance, une source de l’établissement a cité des « maîtresses de hauts responsables de l’Etat » qui se trouvent être mieux considérées sur le plan salarial que beaucoup d’enseignants. Pis, « il y a plus de secrétaires que d’enseignants », précise notre source qui dit avoir accès à la grille des salaires de l’établissement, le seul que possède l’Algérie à l’étranger. « Nous constatons que des personnes influentes, ministres en exercice ou pas, généraux, hautes personnalités… font placer leurs protégés avec des salaires et avantages conséquents, que nous, noyau de l’école, ne verrons jamais. Nous avons l’impression que cette école est un alibi mis en place pour servir des intérêts personnels, détournant ainsi le rôle de l’école celui de dispenser le savoir et garantir la réussite de nos enfants », dénoncent ces enseignants.

Pour ne pas pouvoir dénoncer leur situation, les enseignants de l’école internationale algérienne de Paris sont soumis à un régime précaire. Ils n’ont pas de contrats de travail depuis 13 ans. Ce qui les met en danger dans le cas où ils cherchent à dénoncer leur situation.

Le ministère de l’Education nationale a dépêché une commission d’inspection l’an dernier. En vain. Le rapport remis au ministre de l’Education, Abdellatif Baba-Ahmed, est sans suite, tout comme les rapports qui avaient été remis avant. Du coté du ministère de l’Education nationale, c’est le silence radio.

Essaïd Wakli

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