La fuite des cerveaux algériens à l’étrange est un phénomène inquiétant qui coûte cher au pays. C’est une perte sèche pour l’Etat algérien qui n’arrive pas à retenir ces compétences sur son sol pour moult raisons, principalement à cause de l’absence d’une prise en charge sérieuse des conditions socioprofessionnels de ces cerveaux, qui en désespoir de cause, préfèrent vendre leurs compétences à d’autre pays plus offrants. Dans un article du journal El Watan, le chercheur Ahmed Guessoum, enseignant à l’université des sciences et des technologies Houari Boumediene de Bab-Ezzouar (Alger), tire la sonnette d’alarme et estime que rien qu’entre 1992 et 1996, la fuite des cerveaux a occasionné à l’Algérie « des pertes estimées à près de 40 milliards de dollars » !. Ce chiffre est contesté par M. Hafid Aourag, directeur général de la recherche scientifique au ministère de l’enseignement supérieur, qui, dans une interview à Radio Algérie, revient sur cette polémique et donne d’autres chiffres officiels qui sont en deçà de ceux avancés par Ahmed Guessoum.
Interview accordée à la Radio nationale par le président de la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA), Habib Youssfi.
[audio:http://www.algerie-focus.com/wp-content/uploads/2011/04/041.mp3|titles=Algérie. Fuite des cerveaux : La guerre des chiffres ] [audio:http://www.algerie-focus.com/wp-content/uploads/2011/04/04.mp3|titles=Algérie. Fuite des cerveaux : La guerre des chiffres (suite)]Réagissant à la polémique autour du thème de « la fuite des cerveaux » algériens, M. Hafid Aourag, directeur général de la recherche scientifique au ministère de l’enseignement supérieur, considère qu’au-delà de la guerre des chiffres à ce sujet « le prix du savoir est quelque chose de noble pour le pays et on a pas à l’évaluer ». Mais ce qui est important à ses yeux est qu’il « ne faut plus parler aujourd’hui de fuite de cerveaux mais de mobilité de chercheurs ». M. Aourag qui répondait à cette guerre des chiffres sur la fuite des cerveaux dans à l’émission « invité de la rédaction » de la chaine III de la Radio nationale se veut être clair en estimant que « chacun de ces cerveaux disponible à aider son pays et peut apporter un plus à l’Algérie est un gain très important ». Aujourd’hui, dit-il, la majorité des algériens à l’étranger travaillent conjointement avec nous pour développer plusieurs choses dont des projets structurants.
Ces compétences interviennent, selon lui, efficacement dans l’enseignement à l’université, dans l’encadrement des chercheurs et des enseignants au niveau des laboratoires de recherche. « Ils participent aussi dans la mise en place de projets structurants », affirme l’orateur. Il estime que sur cet ensemble d’Algériens partis à l’étranger, il y a certains qui comptent vraiment dans la catégorie de « cerveaux » alors que d’autres qui sont installé dans des structures ne peuvent pas apporter un plus pour le pays.
Prié de se prononcer sur l’exclusion et la marginalisation de chercheurs qui continuent à fuir le pays, M. Aourag, dira que la majorité des revenants n’ont pas trouvé, par le passé, les conditions favorables à leur épanouissement scientifique et technologique car, ajoutera-t-il, il y avait un déphasage entre les ambitions et la réalité du terrain. « Il n’y avait pas une politique de recherche scientifique », persite-t-il.
200 compétences algériennes collaborent avec nous
Sur la base de ses données, M. Aourag assure que « 200 cerveaux sur lesquels l’Algérie peut compter pour lancer des projets structurants sont sélectionnés car il est question de transfert technologique ». « Il y a nécessité de mettre un réseau pour lier ces compétences qui font le bonheur des revues et laboratoires de recherche mondiaux et qui sont capables de mener des projets structurant dans leur pays », affirme-t-il expliquant que ces compétences pouvant apporter des valeurs ajoutées pour la société sont bien pris en charge sans pour autant marginaliser les compétences nationales locales.
« Aujourd’hui l’environnement de la recherche est en plein mutation et connait un essor remarquable », rappelle le directeur général de la recherche relevant que « la demande de retour au pays est forte actuellement », citant le nombre de 1500 postulants qui ont établi des demandes d’équivalence à la direction générale où elles sont traitées au cas par cas. Les candidats ne perdront pas de leurs droits une fois installés aux pays. « Concrètement 100 chercheurs sont placés définitivement à travers le pays » révèle-t-il.
50 milles chercheurs formés à coût de 456 millions $
La formation de chercheurs S’agissant des chiffres, M. Hafid Aourag, s’est dit étonné devant les 71 000 cerveaux en fuite à l’étranger engendrant des pertes de l’ordre de 40 milliards $ au trésor public sur une période 1994 et 2006 seulement. Il s’est contenté de donner foi qu’aux chiffres issus de la base des données de son département.
M. Aourag, qui répondait à l’émission « invité de la rédaction » de la chaine III, a remis non seulement en cause les chiffres avancés dans un récent rapport du Conseil national économique et social (CNES), mais il explique qu’il faut avoir des sources fiables pour avancer des chiffres et savoir ce que l’on définit par « fuite de cerveaux » qui comprend, selon lui trois catégories. En premier, précise l’invité de la Radio, il ya la catégorie des étudiant envoyé dans le cadre d’une formation supérieure à l’étranger suivie par celle des chercheurs-universitaires installés dans les laboratoires ou des centres de recherche partis et enfin tous ces professionnels qui sont issus de tous les secteurs socioprofessionnels qui ont quitté le pays.
M. Aourag s’est limité à dire que sa direction ne maitrise que les chiffres des boursiers et autres chercheurs universitaires formés à l’étranger et est la seule habilitée à mettre des indicateurs sur tous ce qui est aspects bourses, formations et recherche scientifique quant aux autres secteurs socioprofessionnels, il s’est dit non concernés par ces données qui s’apparentent à « une guerre de chiffre ».
A la question de savoir si son département disposer d’une banque de données pour infirmer ou confirmer ces chiffres, il étalera ses données en expliquant que son département reconnait que 1000 bourses d’études (dont 800 pour les étudiants et 200 pour les chercheurs) ont été octroyés dans les années 1970, dans le cadre d’un objectif à atteindre : envoyer le maximum pour un retour minimum. Ce chiffre est révisé, ajoute-t-il dans les années 1990 et qui a été amené autour de 600 bourses dont 400 pour les étudiants. Ce n’est qu’à partir de 2006 que la tendance est entièrement inversée avec l’octroi de 250 bourses pour les étudiants et 500 pour les enseignants chercheurs, révèle-t-il encore.
En totalité, précise le directeur général de la recherche, le ministère de l’enseignement supérieur a envoyé, depuis 1970, pas plus de 50 000 étudiants et cadres en formation à l’étranger. Pour plus de précision quant aux coûts de ces formations sur la période de 1970-1990 ayant connu, par exemple, le grand nombre d’envois par an (1000 bourses d’études), M. Aourag avancera, selon une règle de trois de 600 $/mois/boursier le chiffre de 420 millions $ en 20 ans. « On est loin des chiffres avancés », martèlera-t-il.
Concernant la période 94 à 2006, qui a vu la formation de 3000 chercheurs, elle a couté, selon lui, 36 millions $ d’où son étonnement par rapport au chiffres de 40 milliards $ qu’il considère comme un gouffre.
50% de déperdition
A la question de savoir l’ampleur des départs hors cycles-formations, l’orateur focalisera sur des taux liés à son département. Pour le retour des étudiants partis dans le cadre des bourses, 25000 sont revenus sur 50 milles étudiant et chercheurs envoyés à l’étranger, précise l’orateur. Autrement dit, le taux avoisine 40 à 60% de revenants, c’est-à-dire en moyenne une déperdition de 50% (de gens partis et installés à l’étranger à coût de 700 millions $). Ce qui représente, selon lui, le coût d’investissement de l’Etat pour former tous ces cadres de la nation.
Le CNES a rapporté, dans un récent rapport, 71000 diplômés en fuite, dont 10000 médecins, 18000 cadres et 3000 chercheurs. Des chiffres que M. Aourag ne remet pas en cause du point de vue véracité mais, insiste pour dire qu’on ne peut maitriser les données de tous les secteurs.
(Radio Algérie)
* Titre de la rédaction