En Algérie, est-il permis de violer une femme lorsqu’elle est subsaharienne ?

Redaction

Une question choquante, me dira-t-on certainement. Pertinente question, pourrait-on me dire aussi lorsqu’on se remémore ce terrible fait divers qui s’est passé vendredi dernier à Oran où deux femmes maliennes, deux migrantes subsahariennes, ont été sauvagement violées la nuit par une bande de délinquants. Ces femmes ont été victimes d’un viol collectif. Les violeurs ont menacé d’abord les deux jeunes filles avec des armes blanches pour les emmener par la suite dans une maison située dans un quartier dangereux, un bidonville en périphérie de la ville d’Oran.

Ces deux femmes, fuyant la misère, la guerre et le dénuement extrême, étaient venues chercher refuge en Algérie. Au final, elles ont été violentées et violées en groupe et leurs âmes meurtries ont plongé dans les abysses de la souffrance.  En Algérie, ces migrantes subsahariennes ont découvert à leur grand dam que la viol et le racisme font souvent un, quand l’un et l’autre paraissent parfois si indissolublement liés. Le racisme et le viol, deux crimes qui ont basculé leur existence dans un cauchemar absolu puisque ces deux femmes maliennes n’ont pas été traitées en victimes, mais en coupables ! Oui, coupables d’être des femmes d’abord, et noires ensuite. Femme et noire, deux attributs qui alimentent les fantasmes les plus violents en Algérie. Femme, cet être soumis, faible et diabolique contre lequel se déchaînent les frustrations les plus abjectes. Et noire, oh la couleur de la honte, de l’esclave du jadis et la caractéristique du sous-homme dans l’imaginaire collectif algérien qui n’a jamais intégré son « africanité » comme un élément fondateur de son identité. Non, l’africain noir ne mérite pas d’avoir une dignité dans l’esprit Algérien façonné par le déni et le pseudo supériorité de l’être maghrébin sur ses « indésirables subsahariens affamés ».  Et quand ce migrant noir est maltraité, c’est certainement lui qui en est responsable.

Face aux inqualifiables supplices auxquels ont été soumises ces deux maliennes, les gendarmes de la brigade de Yaghmoracen à Oran ont agi en Algérien raciste fidèle à ses détestables préjugés. Et leur racisme a obscurci facilement leur lucidité. Non, une femme noire même violée n’a pas le droit de déposer une plainte. Les gendarmes refusent donc de prendre la déposition de cette migrante qui venait d’être violée avec sa compatriote. Il aura fallu l’intervention des membres du bureau d’Oran de la Ligue Algérienne de Défense des Droits de L’homme pour que ces Maliennes deviennent enfin les véritables victimes qu’elles sont en réalité. Mais dans la réalité algérienne, faite de racisme et de viol, il n’y a pas de place pour ce genre de victimes….