Le nouvel incendie de la raffinerie de Skikda pose à nouveau le problème de la sécurité dans ce centre de production. Cet accident n’est pas le premier et bien que la direction de la raffinerie indique qu’il s’agit d' »une normalité », cela ne rassure pas pour autant les Skikdis.
Combien d’incendies à la raffinerie de Skikda faudra-t-il pour que les autorités du pays s’inquiètent ? Le récent incident et l’arrêt de l’unité 100, le cœur de la raffinerie ne semble pas faire réagir Sonatrach, ou l’Etat Algérien. « Cette unité pour le raffinage de l’essence, en cours de rénovation, n’a pas encore été réceptionnée et subissait des tests de performance. Ce genre d’incident est considéré comme un phénomène normal quand ces tests sont poussés à leur extrême », avait expliqué un cadre de la Sonatrach. Pourtant cet accident a fait 3 blessés légers et a causé d’importants dégâts matériels et a perturbé l’approvisionnement en carburants dans de nombreuses régions.
Un accident qui aurait pu être évité ?
Dans ce dernier incident, « l’unité qui n’a jamais dépassé les 75% de ses capacités de production venait juste d’être rénovée pour prétendre atteindre une production design de 100%. Donc, il nous fallait augmenter la pression pour passer des 27 barres habituelles à 40. C’est lors de ces essais que le four a fini par craquer », ont indiqué des travailleurs de l’usine au quotidien El Watan.
Mais les justifications données par Sonatrach ne sont pas suffisantes pour de nombreux employés. « Ce genre d’incident ne peut être considéré comme normal : c’est faux, et c’est grave comme justificatif ; dans ce domaine on ne badine pas avec la sécurité des installations et du personnel, une raffinerie n’est pas un jouet. Il faut dire que c’est dû a une erreur humaine. Ces dernières années, les incidents sont fréquents à Skikda, il y a quelque chose qui cloche ! » s’est indigné un agent de la Sonatrach dans les colonnes du quotidien Midi Libre.
Risques en série
La colère est d’autant plus forte au sein de la raffinerie qui a déjà connu plusieurs catastrophes qui ont des conséquences dramatiques. La plus terrible s’est produite le 19 janvier 2004 faisant 28 morts et 72 blessés. Les habitants de la ville de Skikda avaient été effrayés, les vitres des immeubles et des commerces avaient été soufflées. Le plus inquiétant est que l’histoire n’a rien appris dans la gestion de cette raffinerie, puisque les conditions du dernier incendie de la raffinerie sont les mêmes que la catastrophe de 2004. Il s’agit d’un échec dans la phase d’essai des techniques de modernisation.
Cette année les incendies, certes sans conséquences terribles, se sont multipliés. L’année 2012 a compté au moins 3 incendies. Les derniers en date, sont ceux du 19 et 20 décembre 2012. Même si la raffinerie a évité le pire à chaque incendie, cela ne rassure pas les habitants qui vivent dans la peur d’une conséquence dramatique de la vétusté des installations et de la gestion de la raffinerie. D’autant plus, qu’aucun dispositif de sécurité ne leur est promis, et les communications entre la population et la direction de la raffinerie quasi-inexistante, n’aide pas à éviter la psychose que les Skikdis vivent à chaque accident.