Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 59% des femmes algériennes, âgées entre 15 et 49 ans, affirment qu’un homme a « le droit de frapper ou de battre » son épouse ! Ce chiffre est le résultat d’une enquête menée par le ministère de la Santé en Algérie sur la santé de la femme et de l’enfant à indicateurs multiples (MICS4). Elle a été menée en trois mois (octobre 2012- janvier 2013). Elle a ciblé un échantillon de 28.000 ménages assez représentatifs de l’ensemble du territoire national et fournit un état des lieux « précis » et « détaillé » sur la situation des enfants et des femmes en Algérie à la lumière d’indicateurs multiples.
Réalisée en collaboration avec le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), elle nous apprend ainsi qu’en Algérie, 48% des femmes justifient la violence du mari à l’égard de son épouse dans le cas où cette dernière manque de respect aux parents de son époux. D’autres estiment que le comportement du mari est légitime quand son épouse affiche son autonomie (46%), argumente avec lui (26%) ou « néglige les enfants » (37%). La violence à l’égard des femmes est jugée différemment selon le milieu social et le niveau de vie. Ainsi, c’est dans la zone rurale que les femmes acceptent davantage qu’un homme violente sa femme. Dans ce milieu, 66% des femmes tolèrent la violence à l’égard des femmes. Dans les zones urbaines, 55% justifient quand même cette violence.
Notons enfin que les auteurs de cette enquête ont expliqué leur démarche par leur volonté d' »avoir une indication des croyances culturelles qui tendent à être associées à la prévalence de la violence des maris contre leurs femmes », nous apprennent à ce propos nos confrères du Huffpost Maghreb.