Et si le dromadaire disparaissait d’Algérie ?

Redaction

Dromadaires au Sahara

Une association tire la sonnette d’alarme : le nombre de dromadaires est en chute libre dans la zone saharienne algérienne.

Les accidents, les chiens errants, les entreprises pétrolières, la pollution : autant de facteurs qui menacent l’existence même des dromadaires dans le Sahara algérien selon l’association des éleveurs de chameaux de la région de Hassi Messaoud (Ouargla). Une source citée par l’APS indique que

ces menaces ont conduit à la perte d’un nombre important de ce bétail, estimé entre 60 à 70 %.

L’association des éleveurs de chameaux de la région de Hassi Messaoud, créée en 1993, compte 182 membres et recense quelque 4.800 têtes de bétail. Mais l’avenir de la filière semble incertain aujourd’hui selon l’un de ses représentants :

Vu ces multiples dangers, une douzaine d’éleveurs ont dû abandonner cette activité et ont préféré vendre leurs troupeaux plutôt que de prendre des risques

La disparition des dromadaires serait une catastrophe. Ce bétail constitue à la fois un capital, un moyen de transport et une source de nourriture. C’est pourtant vers ce scénario que l’on semble se diriger si rien n’est fait du côté des pouvoirs publics.

Le fléau de la pollution pétrolière

Le principal danger pour les troupeaux demeure les bourbiers laissés par les compagnies pétrolières, suite aux opérations de forage effectuée. Des nappes que les dromadaires prennent malencontreusement pour des puits d’eau. Un éleveur camelin affirme ainsi que l’un de ses amis a perdu 11 bêtes d’un coup, lesquelles ont ingurgité des substances toxiques dans un puits abandonné. Cette pollution serait responsable de 30% des pertes !

Un responsable environnement de la Sonatrach affirme que des efforts sont pourtant consentis par l’entreprise nationale pour l’élimination de ses bourbiers. Mais la tâche est titanesque vu le grand nombre de puits :

Cela reste insuffisant et l’opération va demander du temps

Solution provisoire : dresser des clôtures autour d’anciens bourbiers. Autre option : la mise en place d’un nouveau procédé qui permet aux nappes toxiques de s’évaporer dans l’air.

La Sonatrach va devoir faire vite : la secrétaire d’Etat chargée de l’environnement, Dalila Boudjemaa, a insisté lors de sa dernière visite dans la commune de Hassi Messaoud, sur la nécessité de contrôler les résidus pétroliers. Elle promet d’appliquer des mesures coercitives à l’encontre des entreprises pétrolières contrevenantes.

Raisonner les automobilistes et combattre les chiens errants

Les accidents de la route constituent l’autre danger pour les dromadaires. 5 à 10% des pertes leur seraient imputées. Un éleveur témoigne :

Il y a cinq mois, un bus de voyageurs avait écrasé 6 chameaux sur le tronçon reliant Touggourt à Hassi-Messaoud.

Autre plaie : les chiens errants qui s’attaquent aux petits chamelons et entravent le renouvellement de l’espèce. Les chiens errants seraient responsables de 10% des pertes.

Le travail d’évangélisation reste donc colossal pour sensibiliser les différents acteurs de l’environnement et les convertir à davantage de sobriété. Ce combat entamé dans le sud algérien trouve sa traduction dans l’ensemble du territoire : sur le littoral pour le respect de la propreté des plages, dans les villes pour une utilisation plus responsable de la voiture.

(Avec APS)