Une équipe de chercheurs conduite par le sociologue Mohamed Saïb Musette a élaboré une étude concernant « La fuite des cerveaux et le développement dans l’espace de l’UMA : le cas Algérie. » Ce rapport, présenté hier à Alger, permet de quantifier ce phénomène de migration. L’Algérie se vide de ses compétences, principalement issues de l’élite.
En Europe, les migrants algériens qualifiés représentent près de 268 000 personnes. La destination favorite des cerveaux fuyants à l’étranger est la France. L’Hexagone capte, en effet, 75% de migrants qualifiés algériens. Bien plus que le Canada (11%) ou la Grande Bretagne (4%). Le rapport précise néanmoins que « l’Espagne et l’Italie, qui sont les destinations favorites après la France et le Canada pour les Algériens en général, n’attirent pas pour autant les personnes qualifiées. »
En somme, un chiffre impressionnant représentant une véritable armada de « cerveaux » dont 1,2% sont titulaires du PHD. Selon le rapport, « On constate aussi qu’il y a 24,8% de femmes et 27% d’hommes qui ont un niveau d’études supérieur. Ces proportions sont quasi équitables. La répartition des émigrés qualifiés, d’origine algérienne, par âge, nous montre la prédominance de la classe active (35-54 ans) chez les deux sexes, quoique chez les femmes, la classe des 25-34 ans est presque aussi importante que celle qui la suit. »
Des Algériens qualifiés, diplômés, des médecins, des ingénieurs, désertent donc leur pays pour aller s’expatrier de l’autre côté de la Méditerranée. Ce rapport montre que la fuite des cerveaux algériens et plus que jamais d’actualité, et met le doigt sur un autre point important : Ceux qui partent ne reviennent pas toujours, ce qui représente une vraie perte de savoir et de richesse intellectuelle pour l’Algérie. « Même s’il y a retour, un nouveau départ n’est pas exclu. Le retour ‘virtuel’ des compétences est une piste à explorer. Les changements observés récemment dans le profil des migrants algériens, pour la plupart des personnes de niveau universitaire, méritent une observation constante quant au renforcement des liens avec le pays d’origine. L’analyse des causes et des attentes des migrants scientifiques nous a permis de situer les efforts à engager une stratégie devant permettre leurs contributions au développement économique et social du pays. »