Ghardaïa est encore sous le joug d’affrontements communautaires. Rien ne va plus entre Mozabites et Chambis (arabes) dans cette ville du sud de l’Algérie, où les tensions entre les deux communautés sont encore allées loin. Des habitations ont été incendiées, blessant ainsi plusieurs personnes.
La peur et la tension dominent au sein des deux communautés de Ghardaïa depuis vendredi soir. « Hier, des personnes ont attaqué et incendié, notamment avec des cocktails molotov, plusieurs habitations de familles mozabites du quartier de Melika » nous rapporte Kamel Eddine Fekhar, de la Ligue algérienne pour la défense des droits (LADDH) à Ghardaïa, précisant qu’environ une dizaine de personnes ont été légèrement blessées.
En effet les quartiers mozabites de Melika mais aussi de Hadj Messaoud ont été les théâtres de vives altercations entre jeunes Mozabites et jeunes Chambis. Ce regain de violence serait une réponse aux récentes protestations des jeunes Mozabites qui réclament la fin des expropriations de logements au sein de leur communauté, d’après la même source.
Les antagonismes entre les deux communautés ne datent pas d’hier. La wilaya de Ghardaïa a connu de nombreux incidents liés à ces rivalités. En 2008 et 2009, pendant plusieurs semaines les deux communautés s’étaient violemment affrontés à Berriane, et il y a trois jours à peine, de nouvelles confrontations se sont déroulées au lycée Moufdi Zakaria. « Un rien met le feu aux poudres dans le quartier, mozabites et arabes sont amis la veille et s’affrontent le lendemain, c’est incompréhensible », précise Kamel Eddine Fekhar qui regrette le manque d’implication des autorités locales, qui observent régulièrement ce type de violence. « C’est la triste réalité, on a le droit tous les deux ou trois ans à ce genre d’affrontements pour les mêmes raisons, et on a tendance à laisser pourrir la situation jusqu’à l’éclatement de violences. Nous sommes dans un Etat de droit, il devrait y avoir une intervention des autorités », déplore le militant.
Si depuis ce matin « les affrontements ont cessé, l’ambiance reste très tendue. Plusieurs familles mozabites ont fui leurs habitations et se sont rendues vers le Nord, car elles sont terrorisées. On craint clairement une propagation de ces violences », estime le militant de la LADDH.