Décidément rien ne peut arrêter les travaux de réalisation de la Grande mosquée d’Alger. Pas même la grave crise financière qui affecte de plein fouet le pays suite à l’effritement des revenus des hydrocarbures et la fonte de nos réserves de change. L’austérité, à laquelle le gouvernement préfère le concept de « rationalisation des dépenses », ne s’applique donc pas au projet fou du chef de l’Etat Abdelaziz Bouteflika.
En effet, pas plus loin qu’hier samedi, un autre membre du gouvernement a « rassuré » de nouveau que le projet sera achevé dans les délais. La Grande mosquée d’Alger sera donc bel et bien réceptionnée en septembre 2016, a affirmé le ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville, Abdelmadjid Tebboune, cité par l’APS. « »Le gros oeuvre est achevé à 72% », a-t-il indiqué.
Vraisemblablement, le ministre tentait ainsi de « rassurer » le chef de l’Etat, qui tient à ce projet comme à la prunelle de ses yeux. Preuve en est l’attribution de ce gros marché à une entreprise étrangère au détriment d’entreprises nationales jusque-là privilégiées grâce à leur proximité du pouvoir. Le choix des Chinois pour sa réalisation est dû en grande partie à leur rapidité dans la réalisation des travaux ainsi qu’à leur disposition à passer des deals hors cadre légale, comme cela a été révélé au grand jour par le scandale de l’autoroute Est-Ouest. D’ailleurs, la main d’oeuvre chinoise sur le chantier de la Grande mosquée a été considérablement renforcée suite à un retard dans l’avancement des travaux.
S’il y a un projet sur lequel le gouvernement est tenu de rendre des comptes, c’est bien celui de la Grande mosquée. Tous les moyens sont bons pour achever ce projet pharaonique. Un milliard d’euros, montant du budget initial qui lui est destiné, jeté par les fenêtres. Cette somme astronomique représente environ un tiers du budget annuel alloué au secteur de la santé ces dernière années. Un milliard d’euros, c’est de quoi construire dix universités ou hôpitaux d’un coût de 100 millions d’euros chacun!
A part accueillir 120.000 fidèles, à quoi servira d’autre la mosquée au plus grand minaret du monde -d’une hauteur de 265m- et « troisième plus imposante du monde musulman après celles de la Mecque et de Médine en Arabie saoudite »? » A prier pour ne pas tomber malade », ironisent les Algériens sur les réseaux sociaux.