Pour la DGSN, il n’y a eu aucun dépassement à Guerrara, dans la wilaya de Ghardaïa.
Pour la première fois, la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) a réagi aux graves accusations portées par la presse nationale sur les cas de torture pratiqués par les forces de police sur les émeutiers à Guerrara, située dans la wilaya de Ghardaïaa. Dans un communiqué rendu public lundi 2 décembre, la DGSN tenu à démentir « catégoriquement » les accusations, selon lesquelles certains éléments des brigades anti-émeutes auraient fait preuve d’un comportement violent à l’égard des citoyens dans la localité de Guerrara. De simples « allégations », se défend la DGSN, qui estime qu’il n’y a eu aucun dépassement.
« Concernant le rassemblement non autorisé à Guerrara (Ghardaïa), nous tenons à affirmer que les allégations colportées à ce sujet n’ont aucun fondement », indique la DGSN dans son communiqué, avant d’ajouter : « la police n’a fait, à cette occasion, qu’à accomplir sa mission dans le cadre du respect des droits de l’Homme conformément aux orientations du directeur général de la Sûreté nationale qui a réaffirmé à plusieurs occasions son rejet de tout comportement contraire à l’éthique professionnelle au sein de la Sûreté nationale mettant ainsi la dignité du citoyen au-dessus de toute considération ».
« Les services de la police tiennent à respecter les règles juridiques dans l’usage de la force publique et de préserver et de protéger les droits », lit-on dans ce communiqué. « Les mesures prises pour rétablir l’ordre sont conformes à la loi et les principes des droits de l’homme et les services de la police ont travaillé pour assurer la sécurité et la quiétude des citoyens et assurer la bonne marche des activités commerciales et les établissements publiques qui se trouvent dans le lieu du rassemblement », note encore le document de la DGSN.
Ce communiqué n’évoque pas, par ailleurs, la vidéo qui circule depuis lundi et qui montre trois policiers chargeant des cartons volés, selon toute vraisemblance, dans un magasin. En tous cas, la police affirme que « les mesures de maintien de l’ordre public ont été prises conformément à la loi et aux valeurs et principes des droits de l’Homme ».
« Arrestations sélectives et raciales »
Le document de la DGSN fait suite à une enquête menée la Direction de la sûreté nationale sur les accusations de torture de Mozabites par la police à Guerrara. Il y a trois jours, une commission d’enquête de la DGSN s’est effectivement rendue sur place pour faire « toute la lumière sur ces prétendues accusations » de dépassements formulées par Kamel Eddine Fekhar, militant des droits de l’homme. « La commission a été envoyée immédiatement après les déclarations de M. Fekhar qui accuse les services de sécurité de « racisme » et de « violations des droits humains » à l’égard de la communauté mozabite. M.Fekhar a fait état « d’arrestations sélectives et raciales » et de « mise à nu et de harcèlement sexuel pratiqué sur des détenus à l’intérieur des postes de police », indique un responsable de la DGSN.
Pour rappel, la commune de Guerrara a été le théâtre, fin novembre, d’échauffourées ayant opposé Mozabites et Chaanbas (arabes). Des militants des droits de l’homme ont assuré que les policiers ont pris partie dans ce conflit inter-communautaire, se rangeant aux côtés des Chaanbas, maltraitant et torturant même les Mozabites. Pire, le comportement des policiers a même été comparé à celui des soldats américains dans la prison irakienne d’Abou Gharib.
Elyas Nour