Phénomène minoritaire il y a quelques années, l’attrait des franco-algériens pour le parti d’extrême droite dirigé par Marine Le Pen se confirme. Il y aura bien des candidats du Front national d’origine algérienne à l’élection municipale de 2014 en France.
A l’occasion de l’élection municipale qui aura lieu en France au printemps 2014, Sofiane Ghoubali découvre l’arène politique. Ce jeune franco-algérien de 29 ans, travaillant dans le milieu hospitalier, a été propulsé à la tête de la liste « Annonay, bleu Marine ». Marine, pour Marine Le Pen. La patronne du parti d’extrême droite français.
La chose peut paraître contradictoire, paradoxale, voire impossible pour les uns. Mais pour Sofiane Ghoubali, son engagement politique coule de source. « J’ai toujours voté Front national. La première fois, j’avais 18 ans, c’était en 2002 et Jean-Marie Le Pen se présentait à l’élection présidentielle. Je regardais le FN de loin et puis l’année dernière, je me suis décidé, j’ai pris ma carte au parti », raconte-t-il dans les colonnes du Courrier de l’Atlas. Au FN, ce militant estime ne jamais avoir à se renier. « Je suis Français mais je précise que je suis fier de mes origines algériennes : mes parents sont d’Alger », ajoute-t-il.
« Fier de mes origines algériennes »
Sûr de ses chances, Sofiane Ghoubali veut croire que ses origines ne sont pas un handicap vis-à-vis du lectorat fidèle au parti fondé par Jean-Marie Le Pen en 1972. « Mes origines ne gênent personne au FN. Et puis, vous serez étonné de voir le nombre de gens de couleurs qu’il y a dans le parti : des Africains, des Maghrébins », explique-t-il à nos confrères du Courrier de l’Atlas.
Intégration des élites issues de l’immigration ou manipulation de ces enfants d’immigrés par un parti qui cherche à adoucir son image sulfureuse ? Le candidat FN d’Annonay, en Ardèche, est convaincu que l’équipe de Marine Le Pen ne le l’utilise pas comme un simple élément de sa stratégie de dédiabolisation de l’extrême droite. « C’est à l’UMP ou au PS qu’on se sert des Français d’origine maghrébine comme des faire-valoirs. Ce n’est pas le cas du FN. Je rappelle que Jean-Marie Le Pen a été le premier à avoir fait de la place à des candidats d’origine maghrébine dans son parti. Combien de temps il a fallu attendre pour que l’UMP ou le PS en fasse autant ? », fustige-t-il.
Les nouveaux visages du FN
Sofiane Ghoubali n’est pas le premier Franco-algérien à se laisser séduire par le discours du Front National. Au milieu des années 1980, Soraya Djebbour est la première Française d’origine algérienne à faire campagne pour le FN. En 1986, elle devient même la première arabe de confession musulmane élue dans un Conseil régional en France. Autre visage du FN issu de l’immigration : Sid Ahmed Yahiaoui. Conseil régional de Paca de 1998 à 2004, ce fils d’un notable du Sidi Bel Abbès, assassiné par le FLN, se fait remarquer en 1999 alors qu’il est en passe de devenir le premier parlementaire français musulman depuis des lustres. Il échoue finalement.
Charlotte Soula réalise la prouesse de se hisser jusqu’aux hautes sphères du FN en devenant la directrice de cabinet de Marine Le Pen en 2012. De son vrai prénom Tamou, cette fille de kabyle de 43 ans est désormais l’un des lieutenants de la femme politique qui a osé assimiler les prières de rue à l’occupation allemande.
« Le bougnoule de service »
Mais la machine s’enraille parfois. Et le mariage ne dure pas. A l’instar d’Ahmed Yahiaoui qui a claqué la porte du FN en 2000, estimant qu’il ne parvenait pas « à faire admettre les valeurs qu’il a toujours défendues, notamment sur le respect de la différence ». Conseiller régional Ile-de-France, Farid Smahi a été exclu du parti d’extrême droite en 2011, durant le congrès de Tours, pour avoir ouvertement critiqué Marine Le Pen. Après son éviction du bureau poltiique du FN, il aurait déclaré : « J’en ai marre d’être le bougnoule de service ».