Infographie. L’odysée mortelle des migrants subsahariens en Méditerranée

Redaction

Avec plus de 300 victimes, le week-end dernier a été le plus meurtrier de l’année pour les nombreux migrants qui tentent coûte-que-coûte de traverser la Méditerranée pour regagner l’Europe. Fuyant pour la plupart des zones de conflit, leur nombre a explosé depuis le début de l’année – plus de 120.000 nouveaux arrivants et 1.889 morts, dont 1.600 au cours des trois derniers mois.

Trois naufrages et 300 morts en trois jours. Le premier accident est survenu vendredi au large de Garibouli, à l’est de Tripoli (Libye), lorsqu’une embarcation a coulé avec à son bord 270 personnes. Seules 19 d’entre elles, dont une femme, ont survécu. Le second drame s’est produit samedi soir à la limite entre les eaux italiennes et libyennes. Un avion de recherche et de sauvetage italien a repéré un canot pneumatique, sévèrement endommagé, et a alors largué des radeaux de survie dans sa direction, permettant de sauver 73 passagers de la noyade*. 18 corps ont ensuite été retrouvés sans vie, et une dizaine d’autres étaient toujours portés disparus mardi matin. Ce week-end tragique s’est achevé avec le chavirement, dimanche soir au Nord de la Libye, d’un bateau de pêche transportant plus de 400 migrants. 364 d’entre eux ont pu être secourus par l’action conjointe de la marine italienne et d’un navire marchand qui se trouvait à proximité*, mais il semblerait que tous les autres passagers aient péri.

Ces trois nouveaux drames portent à 1.889 le nombre total de migrants ayant trouvé la mort en Méditerranée depuis le début de l’année, dont près de 1.600 depuis début juin. Selon le Haut Commissariat de l’ONU aux Réfugiés (UNHCR), il n’y aurait eu pas moins de 120 000 nouveaux arrivants sur les côtes européennes au cours des huit derniers mois. Des chiffres en nette augmentation par rapport aux années précédentes, comme le montrent les deux graphiques ci-dessous.

 

La dégradation de la situation sécuritaire dans les pays d’Afrique du Nord, d’Afrique subsaharienne et du Proche-Orient, pousserait des familles entières à quitter leur pays pour remettre leur vie et leurs économies à des passeurs qui n’hésitent pas à les entasser sur de vieux rafiots surchargés. Une grande partie d’entre elles serait originaire de Libye, où la situation semble de plus en plus désespérée – le bureau du HCR sur place affirme être débordé par les demandes en eau, nourriture, médicaments, protection ou encore logement. Le reste des réfugiés afflue principalement du Mali, de Côte-d’Ivoire, de Somalie, d’Érythrée, de Guinée, du Soudan ou encore de Syrie.

Face à cette pression croissante au départ, ils sont contraints de prendre toujours plus de risques, en embarquant désormais depuis des ports très éloignés des côtes européennes – comme celui de Benghazi, à l’est de la Libye. La principale destination reste le pays le plus proche, c’est-à-dire l’Italie, qui a accueilli sur son sol plus de 80% des arrivants depuis le début de l’année -soit plus de 100.000 individus (cf la carte ci-dessous). Les négociations entre les autorités italiennes, la Commission européenne et les responsables du dispositif de sauvetage communautaire Frontex se sont accélérées pour tenter de trouver une solution européenne. Les dissensions demeurent, mais les drames des derniers jours ont montré qu’il y avait urgence à agir.

*Au total, plus de 3.500 migrants ont été secourus au cours du week-end.

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