Violée d’abord, menacée d’expulsion ensuite : le tragique destin d’une migrante camerounaise à Oran

Redaction

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Oran est encore le triste théâtre d’une injustice à l’égard de migrants. Une femme d’origine camerounaise a été la victime d’une agression sexuelle. Pire lorsqu’elle a souhaité déposer plainte auprès d’une gendarmerie sa demande a quasiment été refusée car elle ne disposait pas de papiers d’identité, enfin elle a été jugée pour séjour illégal en Algérie. 

Cette sinistre agression rappelle la fragilité des nombreux migrants subsahariens qui choisissent de plus en plus l’Algérie comme terre d’accueil. Une jeune femme camerounaise a  été la victime d’un viol, « au niveau des îlots qui jouxtent la cité les Amandiers me jeudi 2 janvier 2014 » rapporte la Ligue algérienne des droits de l’homme (LADDH). De plus, après ce traumatisme elle a fait l’objet d’une discrimination : « elles  ont été dirigées vers le siège de la gendarmerie de Yaghmourassen et n’ont pu déposer plainte car le gendarme de permanence affirmait qu’elles ne pouvaient déposer plainte puisqu’elles n’avaient pas de papiers. Ce n’est que deux jours après, le 04-01-2014, qu’accompagnées par d’autres personnes et reçues par un officier qui gendarmerie conscient de son devoir que la plainte a pu être déposée », explique la LADDH d’Oran dans son communiqué.

Cette affaire fait malheureusement écho à un autre de viol qui s’était également déroulée à Oran en février 2013. Deux jeunes filles maliennes avaient été victimes d’une agression sexuelle et n’avaient pas pu déposer de plainte dans la même gendarmerie : celle de  “Yaghmourassen”, avait alors dénoncé la LADDH d’Oran.

Victime puis coupable

Le plus terrible dans cette histoire est que la jeune femme d’origine camerounaise est passée du statut de victime à celui de coupable. En effet, la gendarmerie a mis très rapidement la main sur un présumé agresseur sur la base des témoignages de la victime. Or l’arrestation du mis en cause n’a mené à rien : « une confrontation entre la victime et le présumé coupable s’est déroulée dans le bureau du procureur. Ce dernier a décidé de relâcher le présumé coupable pour faute de preuves convaincantes. »

En revanche la victime d’origine camerounaise aurait été retenue ainsi que « sa sœur, qui était accompagnée de sa fille âgée de deux ans pour le motif de séjour illégal. Elles furent ensuite conduites vers la prison pour femmes […] Le Lendemain, le 07-01-2014, elles furent présentées devant le juge pour séjour illégal et seront libérées avec un avis d’expulsion dans les 15 jours », précise encore la LADDH.

Expulser plutôt qu’aider

Il faut savoir que les autorités locales d’Oran, dépassées par la venue en masse de subsahariens, procèdent de plus en plus à leur expulsion qu’à la mise en place de structures d’accueil. En 2013 près de 219 réfugiés avaient été renvoyées vers la wilaya de Tamanrasset. Pourtant l’immigration vers Oran se maintient, notamment pour des Camerounais, des Maliens ou encore des Tchadiens. Sans ressources ils vivent souvent dehors et sont exposés à une insécurité totale.

La victime camerounaise, en dépit de la décision de justice a tout de même décidé de maintenir sa plainte, et sera défendue par un avocat procuré par la LADDH.

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