Implication de l’armée à In Salah: Entre satisfecit et scepticisme

Redaction

Les citoyens d’In Salah opposés à l’exploitation du gaz de schiste ne savent plus à quel saint se vouer. Depuis le début des manifestations, fin décembre dernier, la ville s’est transformée en une véritable plaque tournant,e accueillant régulièrement une pléiade de responsables civiles et militaires. Le dernier en date est le chef de la 6e région militaire.

Sollicité par le collectif citoyen anti-gaz de schiste d’In Salah au lendemain des violents affrontements entre manifestants et forces anti-émeutes, le chef de la 6e région militaire s’est rendu, hier mardi, sur place où il s’est réuni au siège de la daïra avec les représentants des manifestants. Au cours de la réunion, les deux parties ont discuté longuement des heurts qui ont éclaté le week-end dernier et ayant fait des dizaines de blessés parmi les manifestants et les forces de l’ordre, selon des sources concordantes.

A ce sujet, le général-major a rassuré ses interlocuteurs quant à la prise en charge des blessés et le lancement d’une enquête sur d’éventuels dépassements individuels de la part des forces de l’ordre. Il leur a même promis, d’après les mêmes sources, une aide logistique pour réimplanter de nouvelles tentes sur l’esplanade du siège de la daïra, saccagées par les forces de l’ordre suite aux dernières émeutes. M. Athamnia s’est aussi engagé à transmettre les doléances des manifestants au chef d’état-major de l’ANP, qui n’est autre que le vice-ministre de la défense, le général-major Gaïd Salah.

En dépit du satisfecit affiché par le « groupe des 22 », représentant le mouvement citoyen, des voix discordantes s’élèvent et y soupçonnent une volonté de cantonner la manifestation juste au niveau de la ville. Un activiste fortement impliqué dans le mouvement affirme ainsi que le chef de la 6e région militaire « a autorisé la continuation de la manif, mais en nous limitant au seul territoire de la ville ». Ayant pris du galon grâce à son rôle joué dans le retour au calme, suite à l’interposition de ses troupes entre les manifestants et les forces anti-émeute, « le général-major a, ajoute notre source, ordonné aux manifestants de ne plus s’approcher des puits-pilotes de gaz de schiste et de ne plus fermer les routes ». Les protestataires sont donc désormais amputés de deux moyens de pression redoutables. Ils peuvent donc continuer leur rassemblement permanent sur la place « Somoud1 (résistance1) ». Le pouvoir, pour sa part, peut persister dans son entêtement à explorer le gaz de schiste et poursuivre sa stratégie de l’usure.