La campagne «ne laisse pas tes femmes sortir avec une tenue osée !», lancée par des internautes conservateurs sur Facebook, commence à prendre de l’ampleur et à créer un véritable buzz sur les réseaux sociaux. Entre les internautes fanatiques partisans de l’interdiction du port de jupes et de robes et les Algériens modérés, la guerre est déclarée. Mais que cache réellement cette campagne et qui se trouve dernière les pages qui lui font de la promotion ?
En Algérie, des jeunes conservateurs ont initié une campagne contre les femmes qui s’habillent de façon osée et provocante. Sous le slogan «Ne laisse pas tes femmes sortir avec une tenue osée », des jeunes internautes algériens ont lancé, sur les réseaux sociaux, une campagne de « pureté » visant à interdire aux femmes le port de vêtements courts, moulants ou sexy. Cette campagne, lancée juste après l’incident qui s’est produit, au début du mois à la faculté de Droit de l’université d’Alger quand un agent de sécurité a empêché une étudiante de passer son examen sous prétexte qu’elle portait une juge jugée « trop courte », prend une ampleur inquiétante. Les jeunes qui sont à l’origine du lancement de cette initiative «fanatique» et qui «porte atteinte directement aux droits des femmes » avancent plusieurs motifs pour expliquer leur action. Ils parlent de la nécessité que chaque homme impose à sa femme, sa mère et ses sœurs la pudeur en leur dictant le port de tenues amples et longues, «qui dissimulent leur féminité», afin de lutter contre le phénomène du harcèlement sexuel. Cependant, est-ce réellement par ce moyen que nous allons en finir avec ce fléau ?
Cette campagne anti-jupe ne cache-t-elle pas une nouvelle tentative menée par les intégristes pour «formater » la jeunesse algérienne et l’endoctriner ? Inculquer la pudeur et éduquer les générations futures passent-ils principalement par le style de tenue vestimentaire que porte la femme ? Où est donc la place de l’éducation dans cette campagne ?
Où est donc le rôle de la famille, de l’école, et de toute la société pour initier les hommes et les femmes au respect mutuel ? Pourquoi ces jeunes ne mènent-ils pas une campagne contre les harceleurs qui, au lieu de suivre les préceptes de l’islam « en baissant leur regard au passage des femmes », préfèrent les déshabiller du regard, les insulter et les agresser ? Ne voyez-vous pas que pour lutter contre le harcèlement sexuel, la démarche doit être bien plus profonde ? Le problème ne vient pas de la tenue que porte la femme, car celles qui sont voilées sont également ciblées par ce fléau. En Algérie, nous n’avons pas besoin de ce type de campagnes inutiles. Nous avons surtout besoin d’une stratégie bien plus élaborée, initiée par des chercheurs et des érudits.
Nourhane S.