Interview de Nazik Mikali, présidente de l’Association EMNA

Redaction

A l’occasion de la fête de l’Aïd el-fitr, l’association EMNA a organisé une visite aux enfants malades à l’hopital de Skikda. Algérie-focus a rencontré la présidente Nazik Mikali, qui nous parle de son engagement au quotidien et des projets de l’association pour l’avenir. 

 

– Comment a été créée l’association ?

L’association EMNA est née en novembre 2010. « EMNA » signifie « ENTRAIDE MEDICALE NORD AFRICAINE » mais est également un prénom féminin arabe qui veut dire « loyale et croyante ».

Suite à plusieurs séjours au Maroc, mon pays d’origine, j’ai pu constater la difficulté de se soigner pour les personnes les plus démunies. Tous les soins sont payants, le nécessaire de soin est à apporter avec soi à l’hôpital et malgré ces difficultés,  les dessous de table sont monnaie courante. Ce qui complique encore plus l’accès aux soins pour les personnes ayant peu de moyens.

Par ailleurs, j’ai également constaté que l’abandon des personnes âgées était un phénomène de plus en plus courant au Maroc. Que ce soit des personnes totalement seules (ancien combattants, « chibbanis »…) ou abandonnées par leurs familles (personnes âgées ayant des descendants ou des membres éloignés), elles trouvent refuge dans des « maisons de retraite » financées par l’état et les mécènes.

A l’initiative de ma mère, j’ai visité l’orphelinat de Ouazzane (ville d’origine de mes parents, dans le nord du Maroc) et j’ai eu un véritable coup de coeur pour tous ces enfants abandonnés. Je me suis dit que mon aide pourrait être beaucoup plus efficace et structurée si je le faisais dans un cadre associatif. C’est ainsi que mon association a vu le jour. Aidée par les membres de ma famille, notamment mon père que j’ai nommé vice-président, nous avons lancé le projet et cherché nos partenaires au Maroc (Ouazzane, Fez, Casablanca, Marrakech) et en Algérie (Skikda). Je voulais élargir mon champ d’action à tout le Maghreb.

Nous avons très vite trouvé nos partenaires au Maroc via le réseau marocbenevolat.org et avons pu réaliser un 1er  convoi après seulement 8 mois d’existence.

Notre partenaire algérien est l’association IBN SINA : une association d’étudiants en médecine, tous bénévoles et très actifs et travaillons actuellement sur un projet en Mauritanie, à travers le rallye « Trophée des Sables » où 2 participantes représenteront notre association et apporteront des vêtements, chaussures et livres aux petits mauritaniens.

Aujourd’hui l’association compte près de 50 bénévoles, répartis dans 3 régions : Alsace, Ile de France & Rhône-Alpes.

– Comment les citoyens peuvent contribuer à l’association ?

Les concitoyens peuvent nous venir en aide en faisant connaître notre association à leurs proches, en devenant bénévole ou en faisant des dons financiers ou matériels. Nous recevons très régulièrement du matériel médical et des articles de puériculture mais il est plus difficile de trouver des fonds afin de payer le transport et financer nos actions.

Nous lançons donc un appel aux dons à toutes les personnes sensibles à notre cause. Nous avons mis en place un système de don en ligne via Paypal & cartes bancaire sur notre site : www.association-emna.com

–  Dans quel but avez vous organisé la journée de l’aid el Fitr à l’hôpital de Skikda ?

Etre hospitalisé est une véritable épreuve pour un enfant, encore plus lors de fêtes familiales comme l’Aïd. C’est pourquoi nous avons décidé, de leur dédier une journée de solidarité à l’occasion de cette fête, en leur apportant des jouets, poupées, livres de coloriage en présence d’un clown pour rendre l’événement encore plus festif. Cette action était pour nous le moyen d’allier la solidarité infantile à la solidarité médicale.

– Quelles ont été les difficultés pour organiser une telle mission ?

L’association Ibn Sina est très active sur Skikda et a démontré à plusieurs reprises son professionnalisme : journée anti tabagisme, sensibilisation sur l’environnement à la plage de Skikda, visite aux enfants malades, à la pouponnière sont des évènements que nous avons organisé.

Tout cela facilite notre action sur place et nous ouvre facilement des portes : hôpitaux, pouponnières, orphelinats. Cependant, l’envoi de matériel est très compliqué en Algérie. Le délai d’acheminement est de plus d’un mois pour un colis. Notre dernier envoi a mis 45 jours à arriver et plusieurs articles ont dû être retirés du colis suite aux restrictions douanières : biberons, tétines jamais utilisées.

C’est pourquoi nous avons décidé de financer cette action à distance et notre partenaire a tout acheté localement. Le point positif est que cette action nous a fait économiser les frais de transport et a contribué à faire marcher l’économie locale. La solidarité NORD/SUD est très importante pour nous.

– Quelles sont pour vous les actions urgentes qui doivent être menées pour améliorer les conditions des malades ?

Rendre tous les soins accessibles et gratuits reste une utopie. Mais cela ne veut pas dire que l’on doit rester immobile.

Les autorités douanières devraient faciliter l’importation de médicaments et de matériel médical. En effet, nous disposons de matériel médical en très bon état mais il nous est impossible de les envoyer car les douanes algériennes refusent l’import de matériel déjà utilisé.

La sensibilisation en terme de diabète, tabagisme, sida, cancer etc devraient être plus étendus, notamment dans les régions reculées. Comme le dit le proverbe « un homme informé en vaut deux » et dans le domaine médical ça se confirme très vite !

Enfin, il est indispensable de créer des dispensaires où les gens pourraient consulter un médecin gratuitement.

– Quelle est votre prochaine mission en Algérie

En partenariat avec l’association IBN SINA, nous essayons de faire plusieurs actions tout au long de l’année. Après notre première visite à la pouponnière en avril dernier, et notre action de l’Aïd El-Fitr, nous préparons une nouvelle action pour l’Aid El-Kebir, toujours en faveur d’enfants orphelins ou malades.

Nous souhaitons également participer activement à une action en nous rendant sur place dans les prochains mois.

En attendant, nous entretenons une communication très interactive avec nos partenaires et faisons le point régulièrement sur les besoins et les actions à mener.

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