Islam et politique en Algérie: guéguerre sociale au crépuscule d’un drame

Redaction

Photo: H aouragh

Un parti politique islamique en Algérie est le parfait mensonge et le portemanteau le plus adéquat, instrumentalisé par le FIS.

Rien à comprendre dans l’indéfini : le comportement de l’algérien face à sa religion, élucide bien le phénomène Islam et politique en Algérie.

La tentative d’islamisation de la politique en Algérie n’ayant pas réussie, l’inverse, à savoir la politisation de l’Islam, semble de plus en plus improbable dans un Etat à la configuration politique assez basique et dont la sphère au pouvoir est de plus en plus en rupture avec la société. Et bien que l’Islam ne fasse pas exception à la règle -à laquelle ont obéit toutes les religions à un stade de leur «évolution»-, en étant utilisé à un moment ou à un autre, par et pour le pouvoir, la rigidité de la pensée et la dégénérescence des valeurs prêchées originellement par l’Islam sont les parfaites disgrâces empêchant l’émergence ne serait-ce que d’un mouvement politique authentiquement musulman.

Les quelques partis politiques islamistes s’activant avec une grave stérilité, arrivent tout de même à préserver la facette moralisée de l’identité musulmane algérienne face à des pays «frères» de religion. Il s’agit là de leur réel rôle, jusqu’à preuve technique du contraire.

L’intérêt de laisser enfler quelques acteurs politiques à la barbe de trois jours (bien tracée) et aux boucles reflétant timidement l’allégeance «bédouino-saoudienne», subsisterait dans la bonne foi pour chercher à préserver une identité musulmane que le peuple ne cache pas, mais dont il consomme les idéaux sans les appliquer réellement dans sa vie de tous les jours.

Plus explicitement, l’imperméabilité de la sphère politique face à toute «intrusion» d’un acteur rectiligne privilégiant l’appel aux méninges des sujets plutôt qu’à leur «foi», souvent assimilée à la naïveté, n’arrange guère un système bien établi et dont, paradoxalement, les instaurateurs, ou du moins les héritiers conservateurs, cherchent ouvertement un modèle tantôt républicain, correspondant à cette identité musulmane mal assumée, et tantôt un modèle démocratique pour pouvoir glisser un soupçon de laïcité dans un ragoût mal assaisonné.

Deux seuls modèles sont proposés aux algériens, si on excepte le troisième, imposé et bien ancré dans l’inconscient collectif (du peuple). Le premier : C’est le modèle laïc turc. Mais en matière de laïcité, les torsions intellectuelles des «dirigeants» n’ont pas permis d’importer la démocratie turque, étant donné que la mentalité algérienne lui demeure encore rétive et pas conséquent pas ncore prête à intégrer. Le deuxième- plus tabou- est celui du modèle républicain islamique à l’iranienne. Avec celui-ci, plus la peine de parler de démocratie, de laïcité ou de «tolérance», si l’on doit se référer à l’image qu’en donne les américains.

Et pourtant, la population algérienne, reproduisant parfaitement les gestes de ses dirigeants élus, admet qu’il s’agit d’un régime ayant coûté presque aussi cher que la décennie noire en Algérie, mais qui a fini par profiter aux iraniens, à la faveur de l’évolution économique et technologique.

Reflexe typique d’un peuple «terrorisé», qui a négocié la paix au prix de son émancipation. L’algérien a fini par consommer le même produit religieux qu’il a remplacé par un soufisme récupéré par une politique de proximité qui a corrompu ses valeurs sociales fragilement restaurées après son l’indépendance.

En gros, il s’agit d’une affaire de représentativité, les politiques islamistes, tentant de jouer un rôle moins segmenté et téléguidé, pour coller accessoirement à l’image de l’électeur qu’ils représentent, sans vraiment le représenter.

Ce dernier n’ayant pas encore trouvé un sens apaisant de son identité, de son allégeance (sens doctrinal) et de ses choix, parfois même sociaux.

Les dissidences existantes dans la société favorisent cette dislocation individuelle au sein du groupe et ne permettent d’aucune manière de poser les questions essentielles.

Et pour élucider sur une échelle de proximité la vision du citoyen face aux jeux politiques et au gouvernement, il faut évoquer les derniers tubes des fatwas sunnites se basant sur des présumés hadiths (faibles de référence selon la masse) de Mahammed (QSSL), lesquels expliquent que le sujet ne doit en aucun cas, ni sous aucun prétexte, contredire le dirigeant, même si ce dernier n’obéit pas à Allah.

Ces «Hadiths» sont contestés par une communauté chiite qui a vu le jour au sein de la société et donne lieu à une guéguerre entre sunnite et chiite remportée, théoriquement, aisément par les derniers venus d’Iran et de Syrie. Il existe un Hadith qui justifierait, du coté des sunnites, leur appartenance et légitimerait historiquement leur adversité au chiite.

Mais il s’agit d’un détail qui reflète les nouvelles idées véhiculées dans la société algérienne. Des idées qui veulent faire la part des choses entre Islam et politique. A l’échelle politique, le problème ne se pose plus : les recyclés du FIS et les religieux du FLN sont là pour faire écran entre une société, à la recherche d’un Islam adapté aux boites de nuit et aux voiles Blue jeans, et des pseudos hommes d’affaires jouant dans un parfait remake de l’Islam du lendemain de Hadjette El wadaâ (pèlerinage d’adieu).

Redouane Benchikh

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