L’association nationale pour l’insertion scolaire des trisomiques en Algérie (ANIT) a donné un spectacle samedi à la salle sierra maestra dans le quartier Meissonier à Alger centre. Une représentation qui s’inscrit dans le cadre de la Journée internationale de l’enfance. L’occasion pour ces enfants « pas comme les autres » de montrer au plus grand nombre leurs talents.
La salle de la Sierra Maestra est pleine à craquer. Les familles sont venues de toute la Wilaya d’Alger. Parents, frères et soeurs, instituteurs et éducateurs, tous sont venus encourager les jeunes artistes. Il fait chaud, les applaudissements sont dignes des grandes représentations. Sur scène, Amina, adolescente trisomique de 15 ans parle à haute et intelligible voix. Elle annonce l’arrivée sur scène de Farid et son Oud. Les numéros se succèdent et ne se ressemblent pas. Tous les enfants font leur show : chant, danse, sketch ou morceau de musique. Une après midi d’insouciance où le handicap disparaît pour laisser place au talent et à la joie de ces jeunes.
Fondée il y a 20 ans, à l’initiative de parents d’enfants trisomiques, l’ANIT est l’association la plus importante du pays prenant en charge les jeunes atteints de cette maladie génétique. Cette association agit sur deux fronts : la prise en charge des enfants trisomiques et l’accompagnement des familles. Elle permet chaque année à plus de 800 personnes, de 0 à 23 ans, d’être scolarisés. Un chiffre qui représente 1% du nombre total d’individus atteints de trisomie en Algérie (soit 80 000 personnes).
La mission de l’ANIT : permettre aux jeunes trisomiques de grandir comme les autres enfants
Les enfants trisomiques pris en charge par l’ANIT sont scolarisés dans des écoles primaires classiques. Rassemblés en petites classes de 8-10 élèves, ils sont suivis pendant toute leur scolarité par des éducateurs et différents acteurs du monde médical. L’ANIT leur offre une enfance « normale » en leur permettant de se socialiser et de s’épanouir comme les autres.
Halima Harram est éducatrice au sein de l’ANIT. Depuis 5 ans, elle s’occupe de 8 enfants atteints de trisomie dans une école de Hussein-Dey. Elle a découvert la trisomie grâce à ses propres enfants qui étaient scolarisés dans cet établissement : « le soir en rentrant à la maison, ma fille me parlait souvent de cette classe d’enfants différents, mais si souriants et sympas, présents dans son école ». « Lorsque l’on m’a proposé ce poste d’éducatrice, j’ai tout de suite acceptée », raconte Halima Harram. Tout sourire, elle ajoute « je suis ces enfants depuis qu’ils ont 7 ans, aujourd’hui ils ont 13 ans. Je les vois progresser, je suis très attachée à eux ». Halima est aussi là pour établir avec les familles un dialogue de long terme : « pour certains parents, le handicap de leur enfant est difficile à accepter. Nous parlons ensemble de ses progrès. Nous les accompagnons pour les aider à mieux comprendre leur enfant ».
« Grâce à l’ANIT, Adel a été pris en charge dès l’âge de 7 ans », raconte Soraya Kouaci, la mère d’Adel, 21 ans. « Il a appris à lire, à écrire, à compter, à nager et même à faire de la musique. » Adel voudrait être musicien, il est même parti en France dans les Vosges pour réaliser des concerts avec son association « Cham’s ».
Près de la porte d’entrée, une jeune maman avec son fils de 2 ans dans les bras n’ose pas rentrer : « Je ne pensais pas qu’il y aurait tant de monde. C’est la première fois que je viens. » Avant d’ajouter : « mes deux autres enfants sont normaux. J’ai découvert la maladie d’Abdou à la naissance, mais mon mari et moi l’aimons beaucoup ». Très vite, d’autres mamans la rejoignent et l’accueillent. L’ANIT offre à ces familles un cadre pour échanger et voir au delà du handicap de leurs enfants.